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348                 EST1ENNE BU TRONCHET.
vant Charles Nodier, et cette opinion est très-plausible, le bon
chanoine l'aurait offert à Mademoyselle Panfile, dont il aurait
orné la bibliothèque.
   Il me suffira de dire pour le moment qu'il a appartenu autre-
fois à Cirardot de Préfond et à Charles Nodier. C'est assez mettre
en relief l'importance qu'il a comme objet d'art. Aujourd'hui, il
fait partie de la splendide bibliothèque d'un homme d'un goût
irréprochable, et dont la réputation en Europe, n'est pas moins
grande parmi les amateurs que celle de ces deux célèbres biblio-
philes. C'est avec un grâce sans égale que M. Yemeniz, son heu-
reux possesseur, l'a mis à ma disposition pour en rendre compte.
Ce n'est pas tout encore : il veut bien consentir à le faire im-
primer, à ses frais, avec les beaux caractères du XVIe siècle, de
M. Perrin ; c'est un service dont la république des lettres ne sau-
rait manquer de lui être fort reconnaissante.
    En attendant, voici sur quelles raisons je m'appuie pour attri-
buer ce manuscrit à la main si habile de du Tronchet. Il suffit
 de lire ses lettres missives pour se convaincre des relations sui-
vies et même intimes qui existaient entre lui et le chanoine Loys
Papou. Ces relations et la belle écriture de du Tronchet expli-
 quent suffisamment le choix qu'aurait fait de lui le chantre de
Mademoyselle Panfile, pour remplir une tâche qui devait être
 sans aucun doute confidentielle. Transcrire des vers anacréonti-
 ques qui ne planent pas toujours dans les nues, des vers où res-
 pire ça et là un sentiment assez vif de la Renaissance, c'était, il
 faut bien en convenir, chose assez délicate , et qui ne pouvait
 être confiée au premier scribe venu. Eu pareille circonstance,
 et il faut bien noter ceci, du Tronchet avait rendu un service à
 peu près analogue à un autre membre de la famille Papon : il
 avait rimé pour la dame de ses pensées un sonnet de commande.
 J'ajouterai que le manuscrit est daté de Montbrison, 1581, trois
 ans environ avant la mort de du Tronchet. Comme dernier ar-
 gument en faveur de cette hypothèse, je rappellerai au lecteur
 que les calligraphes étaient devenus fort rares au XVIe siècle et
 que du Tronchet était une de ces remarquables exceptions. Que
 le manuscrit ne soit pas signé de lui, cela se comprend; vis-à-vis