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                       DE LA CHIRURGIE A LïON.                             305

méconnu. Sous l'empire de son infériorité de convention, on
oubliait qu'elle a le même objet que la médecine, que leur ori-
gine est identique, que les services qu'elles rendent se balan-
cent, que leur valeur est égale et que le rang qu'elles peu-
vent tenir doit être égal aussi.
   Le préjugé contraire, né dans des temps barbares, exerça
la plus déplorable influence ; ce premier mal en engendra
un second ; l'abandon dans lequel se trouvait la chirurgie
donna naissance a d'innombrables abus : elle était envahie
par des gens sans lettres et sans aveu (1). Dans le XIIIe siè-
cle , le prévôt de Paris dut intervenir ; une enquête fut or-
donnée pour en exclure ceux qui étaient indignes. On éta-
blit un examen devant un jury composé de six chirur-
giens; néanmoins, des charlatans, des vagabonds et des
aventurières n'en continuèrent pas moins à s'immiscer dans
la pratique de l'art.
   Il y a plus, la chirurgie elle-même s'était peu à peu sub-
divisée en deux classes distinctes et ennemies : les mires,
chirurgiens jurés ou de robe longue, gens de grand état,
comme on disait alors, se trouvèrent en butte non seule-
ment aux attaques de la Faculté de médecine, mais encore
 aux intrigues des barbiers qui usurpaient le titre de chirur

    (1) Edit de Philippe-le-Bel : « Ad nostrum pervenit auditum quod quam-
«   plures... alii murlrarii, alii latrones, nonnuli monetarum falsatores et,
«   aliqui exploratores et holerii, deceptores alquemistae et usurarii in villa
«   et vice comitatu nostro parisiensi artis chirurgicœ scientiam et opus , ac
«   si examinati sufficienter in scientia prsedicta et jurati fuissent, licet in
«   ea minus provecti et inexperti existant, exercere prœsumunt et eidem
«   publiée se immiscent, etc. » (Edit de 1315.)
  En 1586 , les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Lyon prirent un étrange
arrêté qui prouve que de tout temps la superstition a été l'apanage des gens
du monde, à l'endroit de la médecine : ils confièrent le traitement des vé-
nériens à une femme nommée Françoise Paige, qui prétendait posséder un
secret. (Voy. PÉTREQIUN , Mélanq. de ehir.. p. 59.)

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