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                   LES CHARLATANS.
Lyon, ne voulant pas demeurer en arrière,
Se laissa dépouiller de sa noble crinière ;
Il n'avait plus de dents, et jusqu'au quinze juin
Le Vorace régna sur le mont Aven tin.
Du haut de la Croix-Rousse, il prenait sa volée,
Conduisant avec lui l'émeute échevelée,
Qui souvent descendait pour réclamer ses droits,
Manifester sa force et vexer le bourgeois.
De vils déclamateurs, huches sur le pinacle,
Promettaient, chaque jour, quelque nouveau miracle,
C'était à qui mettrait le bon sens aux abois,
Et la foule stnpide, attentive à leur voix,
Croyait à tout moment que la caille rôtie
Allait tomber du ciel pour la démocratie,
Et que les charlatans, tenant le gouvernail,
Feraient jouir de tout sans peine et sans travail.
Vain espoir ! Un beau jour (c'était le deux décembre)
L'orage balaya le mensonge et la chambre.
Il était temps, ma foi ! car déjà Clameci
N'obtiDt de ses vainqueurs ni trêve, ni merci.
Vous a-t-on raconté les attentats sans nombre
Commis alors, non pas à la faveur de l'ombre,
Dans un secret honteux, mais en plein carrefour,
Sous les yeux de témoins, à la clarté du jour ?
Oui, je bénis le bras dont la toute-puissance
D'un affreux cataclysme a préservé la France.
Mais à peine on respire, et d'autres charlatans
Savent mettre bientôt à profit les instants.

Le calme a remplacé la terrible tempête ;
On a tout oublié ; chacun se met en quête,
Pour vite ratrapper le temps qu'on a perdu,
D'honorer le Veau d'or par un culte assidu.
Barnum de tous côtés vient ouvrir son école,
Et prêche le grand art de dorer la parole
Aux élèves nombreux qui suivent ses leçons,