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                        BEAUX ARTS.

  NOTES ET BECHERCHES SUR L'AUTHENTICITÉ DU PORTRAIT
                        DE JACQUES STELLA,

     Lues à l'Académie, par M. SAMT-JEAN, le VI février 1856 (1).

   Jacques Stella, peintre du roi, fils et petit-llls de peintres, né
à Lyon, en 1596, mourut à Paris, aux galeries du Louvre, en
1657, âgé de soixante-un ans. Arrivé à Rome, en 1523, il y passa
onze ans, et y contracta avec Poussin une liaison intime qui
dura tout le reste de sa vie.
   Poussin a fait pour Stella un grand nombre d'ouvrages, parmi
lesquels on cite : Apollon et Daphné, Danaë, Vénus et Énée,
Moïse exposé sur les eaux, le Frappement du Rocher, la Nais-
sance de Bacchus, etc.
   Poussin écrit de Rome, le 12 mars 1650, à M. de l'Hautlon,
au sujet de son portrait qui lui est officiellement demandé:
« Je confesse ingénument que je suis paresseux à faire cet ou-
vrage auquel je prends peu de plaisir et j'ai fort peu d'habitude,
car il y a vingt-huit ans que je n'ai fait aucun portrait; néan-
moins il faut le finir, car j'aime bien plus votre satisfaction que
la mienne. »
   Il est évident qu'en prenant à la lettre ce que dit Poussin, Je
portait de Stella n'est pas de lui puisqu'il est fait dans la période
de ces vingt-huit ans ; mais l'on sait très-bien que lorsqu'un pein-
tre ne veut pas remplir une commande il sait trouver des excuses
pour s'en dispenser; nous en avons la preuve dans une lettre du
grand peintre, datée du 10 juin 1644, où il dit: « Je répondis
à notre ambassadeur qu'il trouverait à Rome quantité de gens
qui pourraient le servir ; il me demanda si je voulais me charger
de cet ouvrage, mais je m'en excusai d'une manière dont il pou-
vait se contenter, depuis je ne l'ai pas revu. »
   Il est probable que Poussin a voulu dire qu'il n'avait fait aucun
portrait contre argent depuis vingt-huit ans ; il s'occupait d'au-
tres travaux et ne se souciait pas de se peindre ; il donnait des
excuses pour s'en dispenser ; tous les artistes en général en-
tendent ne pas faire une chose lorsqu'elle n'est pas dans leur
spécialité, et l'on ne compte pas les ouvrages de complaisance
et d'amitié faits en dehors du travail ordinaire. Je persiste à
   (1) Ce tableau a été retrouvé et acquis, pour le Musée de Lyon, par
les soins de M. le sénateur Vaïsse, chargé de l'Administration du départe-
ment du Rhône.