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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-A RTS. 1856. L'exposilion de la Société des Amis-des-Arts est, cette année, remar- quable, soit par le nombre des artistes qui y ont concouru, soit par les œuvres de mérite que l'on peut rencontrer dans chacune de ses parties : son aspect est brillant et varié, et si nous avons toujours à regretter l'ab- sence de quelques maîtres célèbres dont les ouvrages ne sortent guère de Paris, nous pouvons compter cependant parmi les hôtes qui sont venus à nous, plus d'un nom en possession d'une réputation incontestable. Les artistes lyonnais contribuent, de leur côté, pour une grande part à l'éclat de notre salon ; ils y apportent leurs tableaux de fleurs, spécialité dans laquelle ils ne redoutent la comparaison avec personne, plusieurs bons portraits, d'excellents paysages, et quelques rares tentatives dans la peinture de genre et dans la peinture historique et religieuse ; il fut un temps où l'étude de la figure était en honneur à Lyon, où les Richard , les Revoil, les ïrimolct, les Bonnei'ond composaient, avec leurs élèves, une école qui ne manquait assurément ni de science, ni de finesse, ni de charme. Les traditions en paraissent éteintes, et il est difficile de deviner qui les ressuscitera, mais que ces regrets ne nous empêchent pas d'apprécier comme ils doivent l'être, les talents qui nous restent d'un autre côté. M. Fonvilîe et M. Ponthus-Cinier sont les plus féconds de nos paysagis- tes ; ils comptent parmi les plus habiles et les plus adroits, mais les tableaux signés par eux, portent la peine de cette trop grande facilité : ils manquent souvent de caractère, et l'on n'y trouve pas ces délicatesses d'observation qui ajoutent tant de valeur à un tableau d'ailleurs bien ordonné. Le principal ouvrage de M. Ponthus-Cinier est une Vue de la campagne de Rome pendant la moisson à Torre dei schiavi. Cette composition plait par son aspect vaste et profond, mais les détails ne sont peut-être pas rendus avec assez de soin. Le ton du tableau est, rouge et non pas chaud. Les vestiges de tours et d'aqueducs vus sur le second plan, sont lourds et empâtés. Les dégradations de la lumière, ses reflets, suivant les mouvements du terrain, ne semblent point avoir assez préoccupé l'artiste. Malgré tout cela on trouve dans cette peinture la manifestation d'un esprit vigoureux et d'un talent peu ordinaire. Si nous allons ensuite contempler le magnifique paysage de M. Léon Fleury, la Plaine aux environs de Trouville, nous trouverons tout ce que nous aurions désiré dans la grande page de M. Ponthus-Cinier: vaste 18