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•268               LE DOCTEUR JEAN FAUST.


                             III.

       DE QUELQUES PASSE-TEMPS HU DOCTEUR FAUST.

   Faust , à partir de ce jour, , mena grand train , rénnit
sans cesse à sa table nombreuse et joyeuse compagnie,
et entretint magnifiquement ses amis , parmi lesquels il
comptait les plus grands seigneurs du pays. Grâce au ser-
vice intelligent et prompt de Méphistophélès, il lui en coûtait
peu de procurer à ses nobles hôtes les vins , les viandes , les
concerts, les femmes , tous les éléments, en un mot, des
plus délirantes orgies. Les vins , il les envoyait chercher sur
l'heure dans les celliers du pape , des cardinaux, des évoques
et des électeurs palatins ; les viandes , il les faisait enlever
toutes fumantes sur la table des souverains, par des mains
invisibles ; les femmes , il y en a tant en enfer qui ne de-
mandaient pas mieux que de revenir prendre quelques dis-
tractions sur la terre ! Quant aux concerts, à son appel tout
l'orchestre enchanté des génies qui président aux harmo-
nies des forêts, des montagnes, de la mer et des cascades se
hâtait d'accourir. Ils entouraient la maison , accompagnant
de leurs harpes éoiiennes leurs voix de syrènes , et ils fai-
 saient entendre, sans le moindre danger pour ceux qui les
 écoutaient , ces chansons et ces accords magiques , destinés
 ailleurs à attirer les passants fascinés dans le sein de la mer,
 au fond des précipices, ou dans la sombre caverne des nains
 homicides.
   Un jour, après un repas copieux,l'idée vint à Faust de jouer
un tour de sa façon à un baron , son ami , qui s'était levé de
table et respirait l'air tranquillement accoudé à la fenêtre. Il
s'agissait de lui faire pousser des cornes de cerf sur le front.
Quoi de plus aisé pour un sorcier de la force de Faust !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le baron , sentant son front subi-