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266 LE DOCTEUR JEAN FNUST. 2° Qu'il lui fût sujet diligent et obéissant, comme son valet. 3° Qu'en un mot fespril accomplît tout ce que Faust lui commanderait, lui apportât tout ce qu'il désirerait, et ne le laissât jamais manquer de rien. Méphistophélès promit aux conditions suivantes: 1° Que Faust jurât qu'il serait sien. 2° Que Faust fût ennemi de tous les chrétiens , renonçant à Dieu et au ciel. 3° La durée du traité fut fixée à vingt-quatre années au bout desquelles , jour par jour , heure par heure, Faust devait se remettre entre les mains de son très-humble servi- teur, Méphistophélès, qui s'engageait à le conduire directe- ment au plus profond des enfers. Cette perspective éloignée n'effraya point notre docteur en théologie dont le bon sens n'allait pas jusqu'à lui prouver que vingt-quatre années passent bien vile et que l'éternité ne passe pas. Il promit et jura. Mais le diable en sa qualité de père du mensonge, s'imagine aisément qu'on cherche à le tromper et ne se fie pas à de vaines paroles. Aussi, exigea-t-il que Faust lui remît un acte de donation de sa personne dûment écrit de sa propre main et signé avec son propre sang. Déjà Faust ne s'appartenait plus ; il ne lui en coûta pas davantage de renoncer par écrit à la possession de son âme dont il avait fait le sacrifice. Il prit donc un couteau pointu et se piqua une veine dans la main gauche. Un sang épais et noir , comme le sang d'un mort, sortit de la blessure ; et Faust écrivit sur un parchemin les clauses dictées par ie démon ; puis , il remit le pacte entre les mains de Mèphi- tophélès qui sourit alors de son livide sourire et ne craignit plus de laisser voir son pied fourchu et ses longues griffes , et son teint hâlé, et la prunelle ronde et bleue de ses yeux , dont le regard aigu se fixa sur Faust et lui lit éprouver la même sensation que si un fer froid el acéré lui eût traversé