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262                LE DOCTEUR JEAN FAUST.
et se mil, ou plutôt, feignit de se mettre a étudier les lettres
sacrées. En réalité, il passait son temps à se divertir et à ne
rien faire, et dut employer bien des ruses et bien des
mensonges d'écolier pour ne point perdre les bonnes grâces
de son oncle qui, certain des progrès de son neveu, s'informa
enfin du jour où ce dernier se déciderait à subir ses examens.
L'épreuve était dangereuse pour Faust ; néanmoins, comptant
sur le hasard et sur sa présence d'espril, il entra hardiment
en lice, soutint sa thèse avec honneur et réussit môme à em-
barrasser par ses réponses les Seize maîtres assemblés autour
de lui pour le questionner. Ce qui n'est pas à la louange des
Seize maîtres.
    Une fois docteur en théologie, Faust peu avide de science,
 pensa qu'on n'avait plus rien à exiger de lui ; il s'empressa
de mettre la sainte écriture derrière la porte et lâcha la bride
 à toutes ses mauvaises passions; elles étaient nombreuses.
 Paresseux, libertin, faible, léger et curieux, tels sont les
 principaux traits de ce caractère, fort au-dessous, à mon avis,
 du rôle de sorcier qu'il allait bientôt jouer. Ses parents , loin
 de chercher à réprimer de tels penchants par leurs bons
 conseils ou par leur rigueur, n'osaient, au contraire, lui
 adresser aucun reproche et contribuèrent à sa perle par
 leur coupable faiblesse. Faust passait donc ses jours et ses
 nuits en fêles continuelles, manifestant l'aversion la plus
 décidée pour la carrière théologique dans laquelle son oncle
 avait essayé de le lancer. Mais il y a un terme à tout, surtout
 à l'indulgence el à la générosité d'un oncle aussi totalement
 déçu dans ses plus chères espérances que le fut ce bon bour-
 geois de Witlemberg. Fausl allait être réduit à la misère et
 à la nécessité de travailler, quand ce pauvre oncle vint à
 mourir en commettant ce que j'appellerai l'affreuse lâcheté
 de léguer tous ses biens à son mécréant de neveu. Aussitôt
 nouvelles fêtes, nouveaux plaisirs et folles dépenses qui ab-