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LE DOCTEUR JEAN FAUST. 263 sorbèrenl en peu de temps l'héritage de l'oncle. Un jour donc, Faust se trouva n'avoir plus à lui que la maison qu'il habitai I. Faust, dans celle dure extrémité, résolut d'appeler le diable à son aide. Ayant fréquenté depuis longtemps les plus mau- vaises compagnies, il avait connu plusieurs étudiants versés dans la magie et il s'était fait initier aux secrets de celte criminelle science, la seule qui pût lui convenir parce qu'elle était peu difficile à acquérir et qu'elle supposait, en première ligne, chez ses adeptes, toutes les mauvaises qualités dont Faust était comblé ; de plus, elle offrait un puissant attrait à sa curiosité et lui promettait tous les moyens de satisfaire ses passions désordonnées. S'il y eût bien réfléchi, il eût peut- être reculé devant la terrible résolution qu'il avait prise de se donner au diable pour se tirer d'embarras; car, le cou- rage était bien loin de son âme, comme on le verra par les indicibles frayeurs que son esprit familier lui causait. Une nuit, Faust, ayant recueilli toute sa force, s'en- fonça seul dans la sombre forêt de Mangall, voisine de Wil- temberg. Minuit approchait ; minuit, heure fatidique où le monde des esprits abat son vol sur la terre, où tout ce petit peuple enchanté des elfes, des nains et des fées nargue les humains, et danse sur les vertes pelouses en foulant les gazons de leur pied léger; minuit, l'heure où les fantômes sortent des sépulcres, où les démons, profitant de l'ombre, parcourent le monde, y répandant les crimes et la terreur ; minuit, l'heure du sabbat pour tout dire ! Minuit sonnait, quand Faust déboucha à pas tremblants dans une étroite clai- rière où trois chemins se croisaient. Celait l'endroit propice; Faust, d'une main peu rassurée, traça autour de lui, selon les préceptes du grimoire, trois cercles concentriques en pronon- çant certaines paroles d'une langue inusitée parmi les hommes. A ce moment, comme si toute la nature environnante eût été