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                   LE DOCTEUR JEAN FAUST.                    261

que d'étonner les gentilshommes ses voisins et les étu-
diants ses camarades par des farces et des tours de passe-
passe de l'autre monde dans toute la force du terme.
L'auteur de la légende n'a même pas doué Faust de cette
énergie singulière et de cette force d'âme qui devraient
caractériser le mortel audacieu,x qui ose se mettre en
contact avec le diable. Faust, quand il ne se trouve pas
avec son tlémon, s'effraie à bon droit de son avenir et
voudrait bien n'avoir pas pris le diable à ses gages ; mais
il est inconstant, léger, faible de caractère, et ne se sent
point le courage de congédier le valet, comme dit la
légende, si imprudemment appelé par lui à son service
et à de si onéreuses conditions. Aussi, après vingt-quatre
années pleines de jouissances paya-t-il, de sa pauvre per-
sonne le prix du pacte qu'il avait signé.

                               I.

Ou L'ON VOIT QUE LES SORCIERS ONT PEUR QUAND ILS RENCON-
          TRENT LE DIABLE POUR LA PREMIÈRE FOIS.

   Faust était de cette joyeuse race d'étudiants qui s'est perpé-
tuée jusque dans nos Universités, songeant plus au plaisir
qu'à l'élude; et beaucoup moins aux nécessités de l'avenir
qu'aux douceurs du présent. Né de père et mère pauvres, il
fut adopté par un oncle, riche bourgeois de Wittemberg,
qui mil en lui tout son espoir el forma le projet, hélas! bien
chimérique, d'en faire un docteur en théologie afin d'illustrer
sa famille. Faust n'avait pas le moindre goûl pour la théologie
ni pour aucune espèce d'éludé -, il ne sentait guère en lui
d'autre vocation que celle d'user largement et joyeusement
des libéralités de son oncle. Cependant il se résigna à son sort