page suivante »
DE GiUMOI) DE LA REYN1ÈUE. 2-15 n'ouvre plus la bouche sur les affaires publiques. Je donne en cent au plus habile de deviner comment tout cela finira. Il vaut donc mieux éloigner sa pensée et se rejetter sur les questions de inorale, de philosophie et de littérature ; elles sont de tous les temps et l'on peut en raisonner d'après des lumières acquises C'est ce qui a achevé de m'exiler de toutes les manières ; les oliviers et les mûriers ne me parlent point nouvelles et je puis en paix lire ou dormir sous leurs ombrages. Toutes mes lectures s'éloignent aussi du temps présent et en vérité j'en suis venu au point de haïr les aristocrates, autant que les autres, car ils ne valent pas mieux et seraient tout aussi cruels s'ils devenoient les maîtres. Toute secousse est dangereuse, nous ne l'avons que trop éprouvé depuis quatre ans. Restons donc comme nous sommes, tachons de vivre en paix à l'abri du canon, des bombes et des dénonciations. Sur- tout rendons la confiance aux assignats; hors de ce point plus de salut. Que l'assignat jouisse de sa valeur et se tienne au plus bas à 10 °/0 au dessous du numéraire, alors toutes les marchandises et denrées reprendront leur niveau , nous serons parfaitement heureux et nous laisserons tant qu'on voudra partir les émigrés et enrager les aristocrates. Nest-ce pas aussi votre avis ? il me semble que ce doit être celui de tout homme sensé, qui sait calculer le bien et le mal et qui ne se laisse point enivrer par les vaines fumées de l'aristocratie. Sans les aristocrates, les fanatiques et ces coquins d'émigrés, la révolution seseroit opérée tout doucement, on n'auroit tué ni pillé personne , les choses n'auroient pas été de la moitié aussi loin, le roi vivroit encore et la première constitution à laquelle on commençoit à s'habituer seroit en pleine vigueur. Nous serions en paix avec toute l'Europe qui n'auroit point eu de prétexte pour nous faire la guerre. Au lieu de cela vous voyez ou nous en sommes. Il faut convenir que les hommes sont bien déraisonnables Vous trouverez que je radote peut-être, mais je parle en ami de la paix, je vous le dis avec franchise, toute forme de gouver- nement m'est égale , pourvu que la monnoye soit au cours et que l'on jouisse tranquillement de sa personne et de ses