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lM4 LETTRES INÉDITES amuse. . . . . . il me semble que telle longue que soit une lettre, il n'est point nécessaire de faire des notes pour y re- pondre, ou la lit d'abord de suite et sans interruption ; on la tient devant soi, on lit deux ou trois lignes auxquelles on répond tant que la matière coule de sa plume ; lorsqu'elle est épuisée on en lit trois ou quatre autres, et ainsi de suite jusqu'à la fin. Par cette méthode on répond sans peiné et sans effort, on est sur de ne rien oublier et le travail devient un jeu Aujourd'hui, j'excuse plus facilement votre laconisme par l'incertitude de notre situation. Ce n'est pas au bruit du canon et dans l'attente du pillage que l'on peut tranquillement écrire, c'est beaucoup que vous m'ayez repondu en gros. Je conçois que vous n'êtes pas aussi tranquille que nous le sommes à Beziers, et quand on craint pour sa per- sonne, celle de ses amis et surtout pour ses propriétés, qui selon moi passent avant toutes choses, car un homme sans biens est au dessous du plus vil des animaux, on n'est guère d'humeur à écrire de longues lettres, ni à s'amuser de celles qu'on reçoit. S'il faut croire le récit d'un voyageur qui a passé autour de Lyon samedi 17, n'ayant pu entrer dans la ville et ayant été conduit depuis les Echelles, de camp en camp jusqu'à Vienne, Lyon devoit être précisément bombarbé dimanche 18. Ce voyageur qui vient de Paris est encore ici, et je tiens cela d'une dame de votre connoissance logée dans le même hôtel et qui lui entendoit faire ce récit. Ainsi il est positif que cet homme a dit cela, et probable qu'on lui a dit en effet dans les camps que la ville seroit bombardée le dimanche, reste à savoir si vos assiégeants ne répandent pas exprès ces sortes de bruits pour intimider et engager les assiégés à se rendre, car je doute fort qu'ils fissent ainsi confidence de leurs projets au premier venu s'ils étoient dans l'intention d'accomplir leurs menaces. C'est ce dont la suite décidera, car le temps présent ne permet pas de raisonner sur les événements futurs. Le nouvel état de choses a oté toutes les anciennes données, et lorsqu'il n'y a plus de bases fixes et certaines comment asseoir un raisonnement. Pour moi je suis trompé tous les jours et c'est ce qui fait que je