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216 niscour.s DE M. D'AKJUKI'EIISIÎ. Une inscription, placée sur le monument lui-même, ne man- quait jamais de désigner aux siècles futurs celui qui l'avait construit ou simplement restauré. Cette coutume, que les papes ont eu raison d'imiter, a enfanté ou conservé une foule • de chefs-d'œuvre. Ces inscriptions existent encore aujour- d'hui en grande partie, et ce n'est pas sans émotion que, sur la façade du Panthéon, j'ai lu cette ligne si belle dans sa sim- plicité : M. AGRIPPA. L. P. COS. TERTIVM. FEC1T. (Marcus Agrippa, fils de Lucius, l'a construit sous son troisième consulat.) Tibère futpreque le seul qu'une sordide économie empêcha d'imiter ces nobles exemples. Les profusions de Caligula et de Néron ruinèrent l'Empire, mais les arts en profitèrent. Vespasien et Titus élevèrent le Colysée, ouvrage gigantesque que Rome pouvait opposer aux merveilles de l'Egypte (1), et qui surpassait tout ce que la Grèce avait fait de plus grand, non que le génie lui eût manqué, mais par la seule raison qu'elle n'avait pas, comme Rome, les trésors du monde a sa disposition. Il est impossible de parler de cet ouvrage prodi- gieux sans se rappeler avec douleur qu'après avoir traversé presque intact les temps de barbarie, il serait encore tout en- tier debout, si un Farnèse ne l'eût exploité comme une carrière pour se bâtir un palais. Et cela se passait au milieu du XVIe siècle, plus de cent ans après la Renaissance! Cet acte de van- dalisme a inspiré à notre illustre et savant Père Montfaucon un beau mouvement, où éclate l'indignation de l'antiquaire et du chrétien. « Si la beaulé du monument, s'écrie-t-il, a été « impuissante à le protéger contre des mains impies, on « aurait dû, au moins, respecter le champ consacré par le « sang de tant de martyrs (2). » (1) Martial. De Spectavul. lîpig- I. (2) Diarium llulieuiii. Cap. X.