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DISCOURS DE M. D'AIGUEPERSE. 215 composition, qui a été appréciée avec justice par Buffon et par Cuvier, fut publiée vers lafindu règne de Vespasien, un an environ avant que l'auteur trouvât, dans la grande érup- tion du Vésuve, une mort que l'amour de la science et le désir de secourir ses semblables ont rendue glorieuse. Plus heureux que la poésie et l'éloquence, les arts leur survécurent longtemps sans rien perdre de leur éclat. On en fut redevable aux artistes grecs établis à Rome. Chose re- marquable ! les Romains passionnés jusqu'à l'extravagance pour les produits de ces beaux-arts qui servaient a l'embellis- sement de leurs palais et de leurs villas, dédaignaient, en quelque sorte, les professions auxquelles ils les devaient. On serait tenté de croire qu'ils avaient toujours présente a l'esprit cette leçon que leur donne Virgile : Excudent alii spirantia mollius JEra. Credo equidcm, vivos ducent de marmore vultus. Tu regere impcrio populos, romane, mémento ! Hœ tibi erunt arles, pacisque imponere morem, Parcere subjcclis et dcbellare supcrbos (1). Auguste qui se vantait, à bon droit, de laisser après lui une Rome de marbre au lieu d'une Rome de briques qu'il avait trouvée à son avènement (2), donna une impulsion qui durait encore près de deux siècles après lui. La plupart de ses suc- cesseurs voulurent attacher leur nom a de beaux monuments. (1) D'autres avec plus d'art, cédons leur cette gloire, Coloreront la toile, ou, d'une habile main, Feront vivre le marbre et respirer l'airain, Toi, Romain, souviens-toi de régir l'univers ; Donne aux vaincus la paix, aux rebelles des fers, Fais chérir do tes lois la sagesse profonde, Voilà les arts de Rome et des maîtres du monde. (Traduction de DELILLE.) (2) Suel. in Aug. C. 28.