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84                     LES TROIS CHAPELON.

     May pren bieti garda à te, sy tu fay-z-iquay pa,
     Ne pren pas un gros vio, voù ney pa ton affaire,
     May-z-un jouainou vassio que seye calinaire, etc.
                                i
  Il parle ensuite à sa femme des frais de son enterrement et lui
donne pour dernier conseil, lorsqu'elle aura obtenu crédit du
curé, Honni soit qui mal y pense, de ne jamais lui donner une
obole.

   Par lou dou semouno et lou quatrou pourto,
   Donna lour a dina et bere de Don co.
  Ses plus grands regrets sont pour son ami Marguin ; il fait des
vœux ardents pour qu'il le remplace comme clocheteur :
   N'érions si bien d'accord avoiiay Jacques Marguin
   Que n'avisavon pas qui payave lou vin !
   Sa femme à son tour essaye de le réconforter et lui promet, si
elle a le malheur de le perdre, de se conformer scrupuleusement
à ses avis, excepté pourtant en ce qui concerne le choix d'un
nouveau mari. (Qui pourrait en effet remplacer dignement son
pauvre Jacques?)
  Je te remercie, lui dit-elle, enfin,
  De la bouna amitié, que tu m'a temouniat,
  Tu mo-z-afa counutre, fezan ton testamen.
  De m'avez tout douna et reu à tou pareil.
  Par lou frais d'illiezi, je sioré ton consey,
  L'argen quey baliarey, lour fara pa ma-o dey.
  L'épitaphe de Jacques Bellemine est digne en tous points du
goguenard et vieux campanaire.
   En résumé, Antoine et Jean Chapelon sont deux fantaisistes
qui connaissent à merveille et d'instinct, le secret de surprendre
le lecteur par de vives et soudaines images. Antoine l'emporte
sur son fils dans la connaissance du cœur humain ; il peint ce
qu'il voit impitoyablement. En quelques lignes , dans Bobrun, il
étale le drame le plus lamentable, celui d'un vieillard que les siens
abandonnent et qui se voit entouré, vivant, de tous les messagers
de la mort. Antoine et Jean sont d'une nature brusque et sans