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                         LES TK01S CHAPELON.                              ~à
 du patient de Messire Jean Chapelon (•!). Cette aventure est une
 tradition de la cure.
    Pour bien dire cette scène, il faudrait avoir un peu de la verve
 de l'auteur des Repues Franches.
    Un jour le curé de Villars invita à dîner tous les prêtres socié-
taires de l'Eglise de Saint-Etienne , Cliapelon seul excepté. Quel-
que pointe sans doute, lancée au curé , je ne sais comment et à quel
propos, fut cause de cet oubli volontaire. Le jour dit, c'était un
dimanche , tous les invités s'étaient rendus de bonne heure au
presbytère et de là à l'église, pour assister à la grand'messe.
Maître Cliapelon q u i , pendant ce temps là. était aux aguets, en-
dosse un surplis et entrant tout-à-coup dans la cuisine , pendant
que ses confrères chantaient à plein gosier : Ma bonne , dit-il au
cordon bleu , en excellent patois , Monsieur le curé m'envoie près
de vous pour choisir les vins qne nous boirons à dîner. La Jean-
nette , sans défiance , et croyant que Messire Jean , couvert d'un
surplis , sortait de l'église , prend les clefs , une vrille pour percer
les tonneaux (le fin matois savait qu'il n'y avait que du vin en
pièces) , et ayant allumé un crizio , le conduit à la cave. L'abbé
ouvre avec prestesse un tonneau , en déguste le vin et dit à la
servante avec le plus grand sang-froid : Mettez le doigt dans le
trou. » Elle obéit et l'abbé aussitôt de percer le tonneau le plus
prochain , en dégustant un nouveau verre sans perdre le moins
du monde de sa gravité , puis il l'invite à boucher du doigt le
nouveau tonneau.
  « Vous ferez bien attention , lui dit-il, c'est de ce vin que

   (r) Qu'il me soit permis de remercier M. de La Tour Varan des mille
peines qu'il a bien voulu prendre pour me procurer des renseignements iné-
dits sur Chapelon. Il a mis un zèle et une complaisance à m'obliger dont je
suis d'autant plus touché, qu'il a dû renoncer pour quelques heures, à
des travaux plus utiles et plus indispensables que les miens. Si l'on trou-
vait tous ceux qui possèdent des documents aussi accessibles, et aussi obli-
geants , il ne serait pas difficile d'avoir en peu de temps de nombreux et
précieux matériaux. Malheureusement !a plupart des collectionneurs sont
comme le Dragon des Hespérides, ils gardent leur trésor, sans permettre aux
autres d'en jouir et sans savoir quelquefois en jouir eux-mêmes.