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LES TROIS CHAPELOJN. 73
« Or, faul-il qu'un pauvre prêtre souffre ainsi? El n'est-il pas
« juste, quand il a chanté, qu'il puisse dîner ? »
D e m p e u q u i n z i - a n s , foi d'houneta personna,
J ' a i bien nûrit la grossa Chapelonna,
Rien l'y a m a n q u a , t a n t que j ai eu de quet,
J u s q u ' Ã la mort que l'y a fat son paquet.
J'era charma d'entendre se rafoles,
N'attendin pas de conta ses pistoles,
Et si-éy-n-ait, je n'ai rai veu que fun (1),
Car j ' a i charchi j u s q u ' e n son chavelun. (2)
L'ai entarra, j ' a i fat s o u n a le cloche,
Et graci-Ã Dio si q u a u c u n me reproche
Que n'ai p a s fat tout ce que j ' o n n pouéy,
Voûéi-t-assurat un témoin de l'agouéy.
« J'avais de l'argent, mais il a bien pris des ailes ; si ce n'est
« pas vrai que le bon Dieu m'emballe... Les pauvres gens ne
« veulent plus rien payer. Pour solder mon loyer, il me faut dix
« éeus, puis il faut du pain, du vin, du fromage, des habits, du
« sel, du linge, du savon, des bas, des ustensiles, des olives, du
« charbon, sans compter cent autres bagatelles indispensables
« dans les familles : de plus je dois nourrir ma pauvre sœur
« Fleuria, qui a soin de moi et qui fait ma cuisine ; mon autre
« sœur et ma petite nièce ne s'en vont jamais les mains vides.
« Supputez-donc, Messieurs, et si vous savez bien compter, jugez
« si je puis suffire à tout. »
« Pour une fois que je vous manque de parole, il n'y a vrai-
c ment pas de quoi faire une histoire. Ne me poursuivez pas, ne
e
« me faites pas de frais. »
Un jour vou-ori la s o u m a et l'intérêt.
« Pour le présent, à moins que je dérobe, je ne pourrais pas
« vous donner une obole. Voudriez-vous donc que je me mette
« à voler? Voudriez-vous me voir pendu V Pour moi, je crois que
« vous êtes gens raisonnables, car vous êtes tous charitables »
Et Dio nou dit que la vrai charitat
Det coumencie par iquai que la fat.
(i) Fumée — (2) Coiffe.