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                          LES TROIS CHAPELON.                              63
 donc en 1648, dans une maison de la rue Polignais qui subsiste
 encore. C'est ce que pense M. de La Tour Varan qui a eu l'extrême
obligeance de me signaler cette particularité (1), dont la tradition
 seule a légué le souvenir.
   Jean Chapelon passa, comme nous l'avons vu, ses premières
années dans la maison paternelle, bercé et dorloté par la bonne
 Chapelonna, au bruit des chansons stéphanoises. Son père qui
était assez lettré, pour-un homme de sa condition, lui donna sans
doute les premières leçons de lecture et d'écriture. Mais le pau-
vre Jean eut le malheur de le perdre, avant d'entrer dans l'ado-
lescence, et il tomba, lui, ses frères et sœurs entre les mains de
méchants tuteurs qui compromirent leur petit avoir. Aussi ce
triste souvenir a-t-il une place toute naturelle dans ses vers.
Rien de plus touchant que la chanson XXXV, sur ies orphelins.
En voici deux strophes qui donneront assez l'idée de l'ensemble :
        Ore la bouna foi éy morta,
        Ore chacun joye au plus fin :
        Lou tutos bettont à la porta
        La veuva-avoiiay son orphelin.
        Lou bon Dio, bon teno de livrous
        Sora ben faire additiona
        Lou tutos et tou lou belitrous
        Que ne charchont qu'à nou runa.
        Bon Dio ! que véyde iquela racy,
        Que nous grugeont, qu'emportant tout,
        Hélas ! prenez en voutra gracy
        Lous orphelins, et met surtout.
        Si n'avons ni pare ni mare,
        Douna-nou quauque bons amis ;
        Mas faide mio, venez-nous quarre,
        Et betta nous en Paradis.
  Le jeune Chapelon annonça de bonne heure des dispositions

Goujet, comme une source à consulter, pour trouver des renseignements sur
les Chapelon. Il n'est question d'eux en aucune manière dans ce recueil.
   (i) Sur le plan de la ville, en 1769, la maison où le poète aurait pris
naissance est située rue Boulevard près de la place de Saint-Etienne. Mais ce
doit être une erreur, tout semble prouver que la maison des Chapelon était
rue Polignais. (Aperçu sur l'histoire de Saint-Etienne , par M. I. Hedde.)