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64 LES TROIS CHAPELON, remarquables pour la littérature, et peut être ce lui à l'instiga- tion de quelque -prêtre sociétaire de Véglise de Saînt-Elienne que la pauvre famille, veuve de son chef, se décida, malgré de durs sacrifices, à le mettre au collège. Petit Jean fut donc envoyé à Montbrison au collège des Oratoriens(l). Il s'y livra à de bonnes et solides études, et ne cessa jamais d'entretenir des relations avec les pères de l'Oratoire, puisque, à de longues années d'inter- valle, il est invité par eux à venir faire la clôture de deux thèses de philosophie dans le collège de Nolre-Dame-de-Grâce. Il célèbre ses deux visites par deux épîtres fort plaisantes , et toutes pleines de malice et de gaîté contre la philosophie. Voutre forte reysons m'en tout é t a v a n y (2), Dit-il aux candidats, Tiriez l'argent do jeu je vou donnou g a g n y : De me prendre avouai vou, m a pora r e n o û m e a S'en-eyrit t a n t e q u a n t couma-un po de fumea; J e n'ai j a m a i s ren seu, et lou po que je sau, Si m'en volou servir, vou-éy tout plein de defnui. P a r mon porou latin o-l-a préy la c a m p a g n i Et segut lou chamin do p a y s de coucagnt. Comme on le voit, Jean Chapelon était plein de modestie et de défiance de lui-même. Jamais il ne parle de sa verve poétique, il n'a de faible que pour son talent musical. Sa principale distraction , en effet, au sortir du collège, fui d'étudier avec ardeur la musique : l'abbé Chauve nous apprend qu'il avait la voix belle , que Lully fut son maître de prédilection et qu'il savait par cœur tous ses opéras. C'est sur res airs qu'il (i) Je crois devoir relever, à propos du collège desOratorieus de Monlbrison, une erreur de M. Ste-Bciive, (Causeries du lundi, tome IX. page 2). Ce n'est point dans ce collège que Massillon a professé , mais dans celui de Nolre- Dame-de-Grâce, situé dans la commune de Chambie, à une lieue environ de St-Rambert, (Loire). Cette maison est aujourd'hui en mines , à part la cha- pelle qui est eucore debout. M. l'abbé Albert qui a fait l'achat de la maison et de ses dépendances , pour la rendre aux Oratoriens, a confirmé par de bonnes preuves ce t'ait intéressant de ',;> vie de MasMllon. (a) Suffoqué.