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               LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                 473

 et de Luc qui part aussi. Si M. de Prahdière a la bonté de
vous porter lui-même ce paquet, il pourra vous dire
qu'hormis quelques douleurs de tête, je vais assez bien, et
que j'attends les vacances bien impatiemment.
     J'ai reçu vendredi dernier les petits pots pour les yeux, et
 la lettre qui les accompagnait. Despois vous remercie beau-
 coup de votre complaisance et de votre promptitude. Le
surlendemain, ma tante, que j'allai voir, me donna la lettre
 que M. Gùbet avait apportée. J'ai été bien content de ces
 nouvelles multipliées, je vous en remercie, et je vous prie
 de continuer à profiter ainsi de toutes les occasions. Vous
 savez que rien ne me rend plus heureux. Pauvre M. Grand-
perret, ai-je dit en lisant cette dernière lettre, mais c'est bien
fait ! Hier j'ai vu M. Bédel à l'hôtel, il revenait d'Evreux, où
 il avait été comme témoin à charge dans une affaire de vol.
 Je passai deux heures avec lui, et ensuite j'allai chez
 M. R.dson avec qui je causai pendant plus de six heures.
  Le soir, je finis mes réjouissances en allant écouter la musique
 aux Tuileries, et voir ensuite le feu d'artifice. Voilà com-
 ment j'ai passé mes fêtes, sans m'inquiéter de la comédie de
  la colonne de Juillet, ni des émeutes manquées. J'ai lu
 cependant les journaux pour voir ce qu'ils disaient de la
 querelle avec l'Angleterre et la Russie. Tout le monde ici
  parle de la guerre, et presque tout le monde la désire. Ce
 serait, en effet, une conflagration générale de presque toute
  l'Europe, mais nous avons déjà vu cela sous Louis XIV et
  Napoléon, et cette fois nous aurons bien plus de chances
  de succès, puisque nous sommes unis, et que dans le sein
  de tous nos ennemis il y a des divisions à notre avantage.
  L'Angleterre a l'Irlande, la Russie a la Pologne et la Lithua-
  nie, l'Autriche a la Bohème et l'Italie, qui au premier roule-
  ment de tambours français se révolteraient contre leurs