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LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 337 tractions, à quoi penseront-ils si ce n'est à cela, et de là , un embarras, les uns à l'égard des autres, une tristesse, une monotonie dont l'idée seule me fait peur. Nous serons moins riches, mais au moins nous pourrons nous souvenir sans être tristes, et c'est un grand point, surtout quand ces cha- grins sont presque des fautes. D'ailleurs, mon père, j'espère bien que nous n'aurons pas à craindre d'être par trop gênés, de souffrir ; il serait bien extraordinaire que nos ressources réunies ne nous permissent pas de vivre honnêtement grâce à l'économie et à la simplicité. Eux, ils prendront plus souvent la voiture que nous, mais je suis sûr qu'ils ne dîneront pas aussi gaiement, et je sens bien que lorsque je "n'y suis pas ils ne sont pas toujours aimables. Aussi ils m'aiment parce que je sers de centre, je reçois les confidences, je cherche à raccommoder les affaires et je leur dis des folies pour les faire rire. Mais pour que nous fussions réellement heureux, bons parents, il faudrait que nous fussions dans la même ville. Espérons que cela viendra et viendra bientôt. Bon Dieu, comme je me remuerai pour cela. Je vous embrasse bien fort. (A suivre). H. HIGNARD.