page suivante »
LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 75 te faire une idée juste et saine de ce que nous sommes dans le monde, de ce que nous y devons faire, de tous ces admi- rables rapports qui nous lient avec Dieu et avec nos sem- blables. Cherche le beau, en admirant ce que tes études litté- raires, tes lectures, etc., te présenteront de remarquable, et surtout en essayant de te rendre compte de ton admira- tion, par exemple, pour un tableau, pour de la musique, pour de la poésie, pour l'architecture de Saint-Jean, etc. Enfin, cherche le bien en remplissant tous les devoirs d'un chrétien et d'un honnête homme, en te rendant bon et utile, en faisant tout ton possible pour diminuer les douleurs que tu peux rencontrer autour de toi, et principalement celles de tes parents, de tes amis. Attache-toi surtout à faire le bonheur de nos bons parents, à leur rendre le fils aîné qu'ils ont perdu, et qui devrait ne s'être jamais éloigné d'eux. Sois sûr que tu y trouveras ton propre, bonheur. Mais surtout, il faut bien se garder d'un écueil, c'est de cette amitié très vive en théo'rie, donton fait montre souvent main- tenant, et très froide, très nulle dans la pratique : aimons- nous d'un amour fort, et d'application. Ce ne serait pas assez d'aimer nos parents, il faut le leur faire sentir, et pour cela, étudier ce qui leur fait plaisir et le faire. Tu sais entre autres choses combien mon père et ma mère aiment les manifestations extérieures, les marques d'affection sen- sible, les caresses, les paroles douces, etc. Eh bien, mon ami, ne les leur épargne pas. Tu leur en dois pour toi et pour moi, accomplis ma dette et la tienne. Toutes les fois que tu te trouves avec eux, comme le matin, à dîner et le soir, occupe-toi beaucoup d'eux, recherche leur conversa- tion, entretiens-les de tes occupations, de moi, d'eux-mêmes, de tout ce qui pourra les intéresser, et tu rempliras là un