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330 HENRI HIGNARD conseiller directeur est venu à l'école, et m'a fait appeler. Après avoir causé un instant avec moi, il m'a déclaré qu'en vertu d'un arrêté du Conseil royal, j'étais délivré du reste de ma bourse, et que l'arrêté était rétroactif pour ce tri- mestre, c'est-à -dire, mes bons parents, que je payerai pas le trimestre d'avril.Ainsi c'est une affaire faite, et il n'y faut plus penser, me voilà élève à bourse entière. Ce que vous me dites de mon frère m'afflige beaucoup et je comprends combien cela doit vous inquiéter. Je crois qu'il faut avoir beaucoup de patience et espérer en Dieu. Dans ses lettres il ne me paraît pas mécontent de son sort. Se cacherait-il de moi ? Je cherche à dissiper ces mauvaises pensées lorsque je lui écris, mais une lettre a bien peu d'in- fluence. Je lui envoie un petit livre qui m'a paru excellent et qui contribuera je l'espère à le calmer. Ce sont des conseils à tous les jeunes gens sous la forme de réflexions pour diriger leur vie, leurs pensées, leurs actions. Il est extrêmement connu ici, où il a fait sensation, parce qu'il a des solutions pour toutes ces questions que se fait la jeunesse de notre temps, et qui si souvent tremble d'une étrange manière. L'auteur est un de nos confrères de Saint-Vincent-de-Paul. Pour savoir ce que Joannès pense de ce livre, je prie ma mère de lui demander quelquefois le soir de lui en faire des lectures; elle pourra juger s'il le fait avec plaisir ou non, et elle voudra bien me le faire dire. Je compte beaucoup sur ces petites méditations si simples, si pleines de bon sens, et de bon sens qui fait que l'on vit comme tout le monde; que l'on sait se conduire, qu'on ne tombe dans aucun excès. Je serai bien reconnaissant à ma mère si elle veut se charger de cette partie de la tâche commune. Je regarde tout cela comme de la dernière importance ; car à nous trois qu'avons- nous de plus précieux que mon frère ? S'il lui arrivait un mal-