Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
               LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                  33 I

heur, ce serait certainement la plusgrande douleur que je pour-
rais éprouver, après celle que je ressentirais pour les vôtres.
   Pour moi, je vais bien, excepté un peu de mal de tête
ces jours-ci ; mais ce n'est absolument rien. Dimanche
dernier, j'ai été voir M. Raison avec qui j'ai dîné, et qui m'a
invité encore pour le 24 juin. Je vais toujours à la confé-
rence, dont on m'a nommé secrétaire, je vais voir quelques-
uns de mes professeurs qui sont fort aimables. En outre
jeudi dernier j'ai fait la connaissance d'un jeune Polonais de
 18 ans, élève des Jésuites de Fribourg, qui esta l'Ecole des
Arts et Métiers. Il est d'une science étonnante, et sa fré-
quentation me sera très utile en même temps que très agréa-
ble, parce qu'il sait très bien l'allemand, et que je pourrai
quelquefois parler avec lui. Son père est directeur du com-
merce à Varsovie, et c'est le principal créateur de l'industrie
polonaise.
   Lorenti vient de m'apporter une lettre que vous voudrez
bien remettre à ses parents. C'est un bien bon garçon, et
il me semble qu'il est un peu plus calme. Ce que mon père
me dit de Turpault m'afflige bien. Pauvre garçon, avec une
si belle intelligence, et un si bon cœur, arriver à si peu de
chose ! heureusement il est très jeune encore, et on peut
espérer qu'il n'en restera pas là.
   Combien il y a de familles malheureuses à cause de leurs
enfants ! car il est impossible que Mme Turpault soit heureuse,
et vous savez que Mme Lorenti ne peut pas l'être non plus
avec son fils cadet; je cherche à m'instruire par ces exem-
ples, et jamais je n'y pense sans sentir un plus grand désir
de vous épargner ces ennuis.
  Adieu, mes bons parents, aimez-moi. Mes amitiés aux
habitués, et n'oubliez-pas, je vous prie, MM. Eugène et
Coulon dont le souvenir m'est très agréable.
                                             Votre fils.