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2l6 HENRI HIGNARD heureux pour le reste de l'année ; si je suis refusé, je m'en consolerai, et je travaillerai avec plus d'application le reste de l'année, afin d'éviter un autre échec au mois d'août. Quoi qu'il en soit je t'écrirai, et j e t é supplie de m'écrire aussi. Je voudrais avoir une lettre de toi jeudi matin, le jour même où je passerai mon examen oral. Ainsi ces saints jours que j'aurais voulu passer dans des occupations purement religieuses, je serai obligé de les remplir de soins et d'inquiétudes temporelles. Que veux-tu ? Je crois y voir la volonté de Dieu. Je ne veux pas travailler ce soir ni demain, afin d'avoir l'esprit bien libre: mais je me mettrai sous une recommandation puissante. Je vais lire un peu des psaumes, et cela me mettra le cœur assez haut pour que la tristesse et l'accablement ne puissent pas l'atteindre. Il y a longtemps que je ne sais où tu en es de ton tra- vail. Je te le répète, écris beaucoup, et vraiment tu ne fais pas assez servir notre amitié à cela. Tu devrais faire de notre correspondance une occasion de formuler toutes tes idées, à mesure que tu les acquiers, et moi en recevant ces pré- cieuses pages, outre que je jouirais en frère de voir ainsi ton esprit s'ouvrir et se développer devant moi, je pourrais faire d'utiles observations que je transmettrais sur ses qua- lités et ses défauts, car tous nous avons les nôtres. Ne te renferme pas, mon ami, dans ce silence ; à notre âge, on a besoin de s'épancher beaucoup. Et en outre je sais par expérience que rien n'est utile à l'esprit comme d'écrire beaucoup; pourvu qu'on écrive sérieusement. La plupart de nos idées restent vagues-et indécises jusqu'à ce que nous les formulions. C'est alors seulement que nous sentons le besoin de les serrer de près, d'examiner avec soin leur véri- table valeur. Je trouve aussi et permets-moi de te le dire, que tes lettres sont très négligées; ce n'est pas même une