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n8 SOUVENIRS LYONNAIS notre monopole en rédaction de devises et inscriptions, ni la disparition d'un certain nombre d'autres cou- tumes que l'ancien ordre de chose autorisait et que j'ai rencontrées dans le récit des entrées solennelles, telle que, par exemple, l'obligation de se mettre à genoux devant le Souverain pour le haranguer. Mais où sont les mules, les haquenées, les grands che- vaux turcs,les genêts d'Espagne et les barbes qui animaient les rues ? Où sont les manteaux et robes de velours, les sayes et pourpoints de satin ou de damas sur lesquelles la soie et l'or jetaient leur gai chatoiement ? On est ébloui lorsqu'on se représente ces cortèges où les bourgeois en habit écarlate (car déjà le rouge était la couleur à la mode pour les cavaliers) rivalisaient de luxe avec les Nations. Triste figure font aujourd'hui les vêtements étriqués, où le drap noir a fini par supplanter la soie, et au milieu desquels les uniformes militaires jettent çà et là les rayons de quel- ques fils d'argent ou d'or. Seuls les membres de la Magis- trature et de l'Université, qui ont conservé les robes en soie rouge, jaune et violet, éclaireraient cette masse sombre de quelques beaux reflets ; mais ils ne paraissent pas avec leur costume dans les cortèges des entrées solennelles. Par une fâcheuse coïncidence, la réforme des vêtements officiels, que je déplore, a été décrétée au commencement du xixe siècle ; et c'est depuis cent cinquante ans que s'exécutent les très importants travaux de voirie, qui trans- forment Lyon en une ville digne de l'admiration des étrangers. Le tableau des embellissements réalisés au milieu du xvm e siècle, est dans l'itinéraire de l'entrée solennelle de Madame de France, infante d'Espagne, le 12 octobre 1749. La princesse quitte, à la porte de Bourgneuf, la rive droite