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62 HENRI HIGNARD nous sommes, et que celui-là seulement a le droit d'abor- der de si grandes difficultés,'qui surmonte toutes celles qui l'entourent. Mais ce n'est pas au faible de laisser là l'ouvrage proportionné à ses forces pour entreprendre celui des Hercules. Du reste, comme ces idées peuvent être réellement de Dieu, après avoir pris conseil de M. Deroziers, il ne faudrait pas les chasser entièrement, mais les conserver au fond de ton cœur ; demander instam- ment à Dieu par de fréquentes prières qu'il te fasse connaî- tre sa sainte volonté, te rendre digne de la connaître par une vie exemplaire et attendre patiemment. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas encore le moment de prendre une résolu- tion définitive, tu ne peux que t'y préparer par une conduite grave, sérieuse, vraiment pieuse, et surtout laborieuse. Plus tard, et quand tu le voudras, je pourrai te donner accès auprès de quelques bons religieux qui pour- ront te donner de bons avis, et te dire si tu dois croire à ta vocation. Mais comme une imprudence serait plus qu'un malheur, comme ce serait un véritable crime, je t'en sup- plie, Jean, ne joue pas avec ces pensées, que ta conduite soit avant tout grave, sage, prudente et raisonnable. 9 Vendredi le 10 janvier 1840. Mon cher ami, voici plusieurs jours que je veux t'écrire, et que je suis toujours forcé de différer ma lettre. Comme je crains que cela ne finisse pas, je m'y mets aujourd'hui