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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 6$ dès le beau matin, et je ne commencerai rien qu'elle ne soit finie ; ainsi au lieu d'être différée par mes autres occupa- tions, c'est elle qui les différera. Je te remercie bien de tes deux dernières lettres. Elles m'ont fait d'autant plus de plaisir que je n'avais pas pu t'écrire moi-même, et que j'en souffrais. En effet, mon ami, tu sais quelles étaient mes occupations aux environs du jour de l'an, j'avais à préparer et à faire mes composi- tions, chose si grave dans la position où je suis. Depuis qu'elles sont finies, je suis accablé de rédactions. Ce sont les leçons des professeurs que chacun de nous rédige à son tour, et par un singulier malheur, je m'en suis trouvé quatre à la fois sur le dos. J'en ai encore deux, et je n'en serai pas délivré de sitôt. Lorsque je vois tout ce que j'ai à faire,-je m'épouvante, mais bientôt je pense à la bonté de Dieu qui veille sur nous pour nous écarter de tout malheur si nous somm&s fidèles, et cette pensée me rend du courage. Nous n'avons pas encore le résultat de nos compositions ni les notes trimestrielles. Je les attends avec impatience. Je ne sais si elles seront bonnes, j'espère du moins qu'elles ne pourront pas être bien mauvaises, et en somme, je m'en remets à la volonté de Dieu. S'il faut que je sorte à la fin de l'année, je trouverai bien le moyen d'être heureux dans ma petite ville en y travaillant et en y faisant un peu de bien. Car c'est là , et seulement là , dans le travail et l'action qu'on peut trouver le bonheur. Pour toi, mon ami, je t'ai déjà dit combien fêtais content de voir ta santé rétablie. Tu souffres encore des yeux, me dis-tu. C'est une petite misère qu'il faut supporter avec patience et courage, mais il faut bien prendre garde de l'augmenter, et pour cela il faut te ménager. Eviter les occasions de lire ou de travailler à la lumière, lors même