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               LETTRKS DE L'ÉCOLE NORMALE                  él

lettres ni plus ni moins que toi chez un banquier, et que,
de plus, il est toute la journée dans un petit coin sombre et
humide, sans aucune compagnie. Il s'y résigne, cependant,
parce qu'il taut bien faire quelque chose dans ce monde,
et que si on pensait aux ennuis de tous les états on n'en
voudrait prendre aucun.
   Du reste, mon ami, toutes les fois qu'il te viendra à ce
sujet quelques idées tristes, ne les garde pas en toi, parce
qu'elles t'étoufferaient : mais va immédiatement ouvrir
ton cœur à M. Deroziers, et écris-moi. Je pense que tu
peux le voir souvent, car lorsque tu sors pour faire des
commissions, en te dépêchant un peu, tu peux gagner
facilement un quart d'heure ou une demi-heure que tu irais
passer près de lui. Prends bien l'habitude, mon ami, de lui
ouvrir entièrement ton cœur, n'aies pas une pensée un peu
importante qu'il ne connaisse, cela contribuera beaucoup
à te rendre le calme et la paix. Rien ne peut mieux aussi
te garantir de cette tristesse par rapport à ton état que cette
vie sainte et en Dieu dont tu me parles. Saint François de
Saks te dira dans un de ses premiers chapitres qu'elle peut
s'allier avec toutes les positions de la vie. Si tu avais des
idées plus précises de retraite religieuse, il faudrait t'en
ouvrir immédiatement à M. Deroziers et lui demander
son conseil; mais, en même temps, réfléchir que les élus
de Dieu sont en petit nombre, et te défier de l'imagination
exaltée, qui, souvent, est prise pour une véritable vocation.
Relis saint François de Saks, il te dira lui aussi qu'avant de
rien entreprendre de sérieux et d'irrévocable, il faut se
tenir dans le plus grand calme. Relis aussi le chapitre inti-
tulé Des Désirs, tu y verras qu'avant de vouloir faire le bien
dans une sphère très élevée, il faut au moins que personne
ne puisse nous reprocher de ne pas le faire dans celle où