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 434                    POÉSIES DE MATTHIEU




              BLASON DES CHEVEULX


  Le paranymphe (i) Apollo cheveleux,
  Voyant les gens par trop adventureux
  A collauder (2) tous les membres du corps,
  Et qu'ilz n'estoient des beaulx cheveulx recordz (3),
  Desquelz sur tous s'en disoit dieu paré,
  A, tout soubdain, ses muses préparé
  Pour en former louenge à eulx condigne,
  Comme à ceux-là qui font le corps plus digne
  Que rien qu'il ayt : car sans cheveulx la dame
  Ressembleroit une forest sans rame ;
  Dont incité pour la dame honorer,
j Son chef ainsi commence à décorer : .
    Cheveulx dorez, rayans sur le soleil,
  Si très luysans qu'ilz font esblouyr l'œil
  Q.ui les regarde, et les voit coulorez
  Non pas d'or fin, mais encor mieulx dorez
  De je ne scay quelle couleur divine
  Qui luyt en eulx et qui les illumine
  D'une clarté diverse et dyaphane


  (1) Qui guide, qui dirige le choeur des Muses, par allusion au
sens antique, On sait que les Grecs appelaient paranymphe celui
qui introduisait la mariée et qui présidait aux cérémonies de la noce.
  (2) De collaudare, célébrer.
  (3) Etre records, se souvenir (et qu'ils avaient oublié les beaux
cheveux.)