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250                           MINIMES

 sacrés brisés et fondus, le temple, déshonoré par tant de
 sacrilèges, renversé de fond en comble. Pendant le mois
 qu'ils tinrent garnison en cet endroit, la haine de ces
nouveaux Vandales s'en prit aux colonnes et aux murail-
les. Les maisons canoniales furent détruites, le cloître
jeté à terre, il ne resta pas de l'église pierre sur pierre ;
la plupart des habitants prirent la fuite, et ceux qui res-
tèrent, furent contraints de travailler de leurs mains à la
démolition de leurs propres demeures. Les calvinistes
firent une solitude de ce bourg jadis si riche et si animé :
c'était pour eux l'unique moyen de règne et de domina-
tion, la marque de la victoire (1). On ne retrouve des
exemples d'une aussi profonde désolation qu'en remon-
tant jusqu'aux invasions du quatrième siècle. Encore
les Huns et les Goths se montrèrent-ils parfois plus hu-
mains que les soldats d'une réforme qui nous menait à la
barbarie.
   Quel spectacle s'offrit aux Chanoines à leur retour sur
la colline si cruellement dévastée ! Quelles furent leur
stupeur et leur tristesse en face de tant de ruines amon-
celées ! Sans ressources comment pourront-ils relever le
temple et ses autels ? Ils n'ont point d'abri pour eux-
mêmes et ils ne savent où trouver un asile pour la reli-
gion et son culte. Le couvent des Pères Minimes leur
sembla propice, et après en avoir obtenu la permission
du lieutenant du roi, ils en firent le refuge de leur dé-
tresse. L'humble bâtiment avait été, on ne sait comment,
épargné par les démolisseurs. Pressés d'arriver où les
poussaient la convoitise et la haine, ils avaient passé


  (1) « Auferre, trucidare, rapere falsis nomioibus imperium, atque
ubi solitudinem îaciunt, pacem appelant. » Corn. Taciti Vita Agri-
colœ. Cp. 30.