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176 RAPPORT SUR M. CANAT DE CHIZY
nobles services dans chacune des pages de l'histoire de
leur pays. Le roi Henri IV, qui se connaissait en bravoure
et en dévouement, félicita un jour, hautement, au siège
de Dôle, un membre de cette maison. Il avait été avec
lui à la peine et à la gloire, comme on disait alors. Vers le
milieu de ce siècle, un autre Canat, le père de notre can-
didat, était l'honneur de la magistrature chalonnaise, et
perpétuait les grandes traditions de ses aïeux dans la fa-
mille judiciaire.
M. Marcel Canat de Chizy, qui n'aimait pas le bruit
des combats, ni les luttes du barreau, ni le sacerdoce,
souvent pénible, mais glorieux de la magistrature, leur a
préféré, de bonne heure, le culte plus paisible des arts,
des sciences et des lettres.
Ses débuts dans les arts ont été des succès. Son
crayon fut celui d'un véritable artiste ; sa palette était des
plus riches, et je,le vois encore brossant despaysages avec
un véritable talent. Mais il y avait aussi dans M. Canat
l'étoffe d'un savant.
Quand son atelier n'absorbait pas toutes ses heures, on
le trouvait, comme enfoui, dans des monceaux d'in-folios
et d'in-quartos, déchiffrant, avec la patience et le savoir
d'un bénédictin , les plus vieux titres , bien négligés
alors, de l'histoire chalonnaise.
Cet abandon et ce dédain lui pesaient; à ce moment
aussi, Messieurs, il eut une louable pensée, et ici, qu'il
me soit permis de vous rappeler des souvenirs personnels.
Nous étions en 4844. Nous vi vions alors dans un temps
où notre pauvre France, lasse d'inutiles révolutions,
croyait au lendemain, et se berçait du doux espoir d'un
long avenir calme et prospère. Nous habitions une ville
où, comme dans votre grande cité, le commerce est l'uni-
que pensée, l'occupation de chacun ; où, comme dans une