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492 CHRONIQUE LOCALE intitulé l'Averse, appartenant à M. Michel, et, crac ! voyez le malheur ! le coude, sans doute, a été poussé par la foule et l'ombrelle a fait un trou dans la tète comme une balle de pistolet, Horresco referens ! Qui a été le plus consterné : le propriétaire, la dame, le conservateur ou le public? qu'eût-ce donc été si c'eût été le Meissonier ! Le 10, à 1 heure, au Grand-Théâtre, a eu lieu la distribu- tion des prix du concours régional agricole. Après un dis- cours de M. de Vallavieille, notre nouveau préfet du Rhône, les noms des lauréats ont été appelés. M. Gabriel de Saint- Victor ayant obtenu l'année dernière la grande médaille, ne pouvait la recevoir encore cette année. Sur la demande du jury régional, M. le ministre de l'agriculture lui a envoyé avec empressement la croix de chevalier de la Légion d'honneur que M. le général Bourbaki a voulu attacher lui- même à sa boutonnière en lui adressant le compliment le plus flatteur et le plus mérité. « Plusieurs journaux, dit le Salut Public, annoncent que la municipalité lyonnaise aurait manifesté le désir d'ac- quérir, pour nos musées, le torse antique que l'on admire à 1 Exposition rétrospective, au pied de l'escalier. « Ce torse est, en effet, une œuvre des plus remarquables et paraît devoir remonter à la plus belle époque de l'art grec. Les connaisseurs qui l'ont examiné croient qu'il ap- partient à une Latone. L'ampleur des formes semble, en effet, éloigner l'idée que ce torse soit celui d'une Vénus, et, autant qu'on peut en juger, la statue portait deux enfants : l'un dont on voit distinctement les vestiges, l'autre dont l'existence semble indiquée par la pose delà déesse. Il est donc à coire que ce beau fragment de la sculpture antique appartient à une statue de Latone, accompagnée de ses deux enfants, Diane et Apollon. « Ce morceau remarquable a été trouvé au château des Miroirs, à Sainte-Colombe, près Vienne. On sait que de nombreuses découvertes ont été déjà faites dans cette mai- son qui a été, croit-on, la demeure des gouverneurs de Vienne au temps des Romains. Jamais cependant, croyons- nous, aucune des trouvailles faites jusqu'à ce jour n'avait atteint l'importance de ce torse, qui n'a de comparable que les trésors les plus célèbres des collections publiques de l'Europe. « Nous avons entendu un amateur comparer ce mor- ceau à la Vénus de Milo. « On nous assure que le prix demandé pour ce torse est de 30,000 francs. Ce prix n'est peut-être pas exagéré, étant donnée la valeur de l'œuvre, mais il est à craindre qu'il ne dépasse les ressources que la ville de Lyon peut consacrer à des acquisitions de cette nature.