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448             JOURNAL D'DN CURÉ DE VAISE
qïte nous avons éprouvé cette année. ( 1 ) La gelée commença
à se manifester le vingtième novembre de l'année mil
sept cent quatre vingt-huict. Depuis ce jour, le froid est
allé en augmentant, gelant à toutes les heures du jour
et de la nuict jusqu'au treize janvier 1789. La Saône a
été gelée pendant cinquante jours. Les glaces avaient
dix huit pouces d'épaisseur. Le quinze, elles commen-
cèrent à se détacher, et à s'arrêter vers le pont de Serin
qui était en bois, nouvellement construit ; et le dix sept,
entre midi et une heure, elles entrainèrent tout le pont à
l'exception d'un arche de chaque côté. Heureusement
cette chute ne causa aucun dommage aux autres ponts ;
mais tous les bateaux, plates e t c . . . furent brisés par les
glaces et l'eau ne reflua point.
   Le Rhône a été également gelé pendant plus de trois
semaines. Le quatorze janvier, toutes les glaces partirent
et entrainèrent les frizes, plates, bateaux, moulins, etc...
qui se trouvaient depuis le pont Saint-Clair jusqu'au pont
de la Guillotière, et quelques moulins et bateaux qui
étaient vers le pont de la Guillotière.
   Malgré ce grand froid, les denrées en tout genre ne
furent pas chères. Le pain bis ne fut enchéri que d'un
liard, ce qui faisait deux solz et demi la livre. M. Rey, (2)
lieutenant général de police, faisait venir mille Bênes de
charbon de Rive de Giers, par jour, sur des charettes, et



  (1) Le bon curé ici se trompe, l'histoire a eu à enregistrer
des hivers tout aussi rigoureux, ceux de 1709 de 1779 ne fu-
rent guère plus cléments que celui de 1789.
  (2) M. Rey, Ecuyer, Conseiller du Roi, lieutenant général
de la police (Place du Petit change) (Almanach de la ville de)
Lyon (1789).