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                   MADAME B'ORGEVAL                  291

n'en poursuit pas moins son cours Voilà qu'un bruit se
répand dans la Savoie qu'Amédée de Lornay n'est point
mort, quïl est en Palestine et qu'après les plus cruelles
épreuves, il se dispose à revenir.
   Aussitôt, Marie de Savoie quitte Vongnes pour se
rapprocher de la source des nouvelles ; elle accourt à
Chambéry où une lettre lui apprend que bientôt son
fiancé lui sera rendu.
   Amédée IX, malgré sa piété, n'était point ennemi de
la joie et des plaisirs permis. Espérant que son favori
sera revenu pour la fête, et voulant charmer les dames
de sa cour, il annonce un grand tournoi auquel les
princes de la maison de Savoie veulent eux-mêmes
prendre part. Les meilleures lances de la Maurienne, du
Bugey, du Genevois apparaissent à Chambéry ; les plus
fiers bannerets viennent se faire inscrire, et veulent se
mesurer avec les tenants Savoisiens. Au jour indiqué, en
effet, les plus beaux coups de lance sont donnés, les
dames applaudissent, la foule ne sait à qui décerner le
prix ; mais voici qu'un chevalier inconnu entre dans
l'arène et triomphe de tous ses rivaux.
   Aux sons des fanfares, l'inconnu va s'agenouiller aux
pieds du sage Souverain de la Savoie et, relevant sa
visière, laisse voir le mâle et beau visage d'Amédée de
Lornay.
   Le duc l'embrasse et le conduit lui-même à la duchesse
et à Marie. Mais un cri se fait entendre, et un humble
religieux, fendant la foule, vient se jeter dans les bras
du chevalier en lui disant : Mon frère ! Tous les senti-
ments s'effacent devant cette reconnaisance et ce par-
don fraternel. Puis la foule s'émeut, s'agite et se dis-
perse en criant : Savoie ! Victoire au noble duc !
    Quelques jours après, Amédée conduisait sa fiancée Ã