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POÉSIE 243
Il faut qu'elle m'éclaire ou qu'elle te dévore :
Le sais-tu bien, ô poète imprudent ?
Quand tu voudrais au sein la refouler encore,
Elle monte, elle monte, et d'un cercle brûlant
Etreint ton front que le mal décolore.
Au vase qui contient un gaz impétueux
L'adroit ingénieur ménage quelque issue
De peur que par l'effort de la vapeur émue
Le cylindre brisé n'éclate sous ses yeux,
Ainsi, pour obéir à ce Dieu qui vous presse,
Laissez-les s'échapper de leur écrin jaloux
Les hymnes inspirés dans une sainte ivresse,
Qu'en face"de son œuvre il vous dicta pour nous.
Une fois parvenus à l'oreille discrète
De l'heureux confident qu'ils auront attendri,
Vous ne souffrirez plus : une larme muette,
Tombant du cœur que vous avez ravi,
Portera dans vos sens une fraîcheur secrète.
Pour conclure enfin, ma recette,
— Je ne suis pas vaniteux à demi, —
Vous vaudra cent fois mieux, j'en jure sur ma tète.
Que les pilules d'Emery. (1)
H. G.
(1) Médecin homœopathe, fort à la mode à Lyon.
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