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                          POÉSIE                          163
S'il n'est plus ici-bas de morale divine
A laquelle tout homme en soi-même s'incline,
C'est en vain que s'agite une société ;
Au rang des animaux descend l'humanité.
Rien n'est bien, rien n'est mal; tout n'est plus qu'arbitraire
Et que force brutale imposée au vulgaire.
De quel droit désormais, un père, à ses enfants,
Dira-t-il : Je le veux, ou bien : Je le défends ?
Et de même envers eux qui donc pourra prétendre
Lui dicter ses devoirs à leur âge encor tendre ?

Ah! nous n'avons pas d'âme! Et quelle fiction
Nous fait-elle échanger un peu d'affection ?
Eh ! bien, s'il faut des mots ici prendre le pire,
Que ceux qui l'ont voulu, se l'entendent bien dire :
Le mariage même, hors de tout sentiment,
N'est plus que de deux corps le vil accouplement.

Mais que sert de parler et que peut-on attendre
De ceux qui, sans savoir, ne veulent rien entendre ?...
Dans leur orgueil farouche, on les voit se presser
Quand l'un d'eux, au cercueil, sous terre va passer...
Pas un signe de foi, pas un dernier ministre
Pour adoucir l'horreur de ce moment sinistre ;
Non ; pas une prière, en ce funeste lieu,
Où nous,pour nous revoir, venons nous dire à Dieu !...
Ah ! l'on se sent frémir lorsqu'on des nuits funèbres,
On pense en s'inspirant des épaisses ténèbres,
Quel peut être, à la fin, pour leur impiété,
Le sort qu'ils subiront toute une éternité !
Quoi ! n'est-ce pas affreux que de quitter la vie
Sans croire qu'au-delà d'une autre elle est suivie
Où les bons jouiront dans un pur firmament
Tandis que les méchants auront leur châtiment !
Ah ! dans leur eécité, dans leur honteux délire,
Puisque leur faible esprit n'y sait jamais rien lire,