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142               FABLES DE M. B0URGUIN

 gracieuses et naturelles. On y trouve une philosophie
douce, toujours disposée à l'indulgence. Ce sont de petits
contes qui intéressent et dont la morale est excellente.
   La meilleure manière de faire connaître et aimer un
poète, c'est de le citer. On lira certainement avec plaisir
quelques-uns des apologues de M. Bourguin. Nous choi-
sissons les plus courts, pour ne pas abuser de l'hospita-
lité qu'on veut bien accorder à notre plume, très-inexpé-
rimentée en fait d'appréciations littéraires,

              La jeune Fille et le Pigeon
      Voulant former, dès le jeune âge,
      Sa fillette au soin du ménage,
      Une mère dit : Louison,
      Tu vas étouffer ce pigeon,
      Le plumer, le mettre à la broche.
      Louise est prise d'un frisson.
      Pourtant docile, elle s'approche,
      Et dans ses mains reçoit l'oiseau.
      Mais il est si blanc et si beau !
      Mais, sous le doigt qui le comprime
      Le petit cœur de la victime
      Bat si fort ! — 0 pauvre innocent,
      Puisqu'il le faut... — Elle se sent
      Défaillir. Le pigeon profite
      De son trouble et fuit au plus vite.
      Louise a des pleurs dans les yeux.
      Mais, loin de prendre un ton sévère,
      — Viens m'embrasser, lui dit la mère ;
 L'oiseau s'est envolé pour aller dans les cieux._
 — Dire qu'il est encor de bons cœurs sur la terre. —
                     Mot de Lokman
 Un financier d'Alep, connu par ses bassesses,
 Demandait à Lokman, sage entre les humains :