Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
78                     LA SILVE BÉNITE
 ment ; la tradition et les légendes seules l'ont fait parvenir
 jusqu'à nous.
   Comme légendes et traditions reposent toujours sur un
fond vrai, mais amplifié et brodé par l'imagination popu-
laire, il se pourrait qu'une localité habitée ait disparu, en-
gloutie dans le lac. Voici comment on pourrait expliquer ce
fait si naturel.
   Les collines qui bordent le lac sont assises sur des roches
de poudingue ; des infiltrations d'eau de pluie ont pu dis-
soudre ou désagréger le sédiment : calcaire qui relie entre
eux les cailloux roulés dont se compose le poudingue. Ces
 infiltrations, combinées avec les érosions et les éboule-
ments du pied de la colline d'Ars opérés par l'action inces-
sante des eaux, devaient amener inévitablement la chute de
cette même colline dans le lac, où elle s'engloutit.
   Ce phénomène physique, on ne peut le contester, arrive
encore de temps à autre : des masses de terrain tombent et
disparaissent dans la profondeur des eaux. Peu de jours
avant notre passage en ces lieux, une rangée de peupliers
qui bordait la route snr une assez grande longueur, s'enfon-
ça tout à coup dans l'abîme au fond duquel la transparence
de l'onde permettait de l'apercevoir très distinctement.
   Quant aux pilotis et aux objets extraits du sein du lac,
nous avons indiqué leur provenance.
   Le bourg d'Ars se trouvait prè3 du moulin et de l'étang
de Versars (vers Ars), dont nous avons parlé précédemment,
sur une légère protubérance de terrain, où de nos jours existe
une habitation de plaisance. Un pavillon de cette villa s'é-
lève sur l'emplacement même d'une antique chapelle, que
les vieillards du pays ont pu voir dans leur jeunesse, et qui,
d'après eux, était le seul édifice que Dieu avait épargné
dans la punition infligée à ce bourg.


                                    . Le baron   RAVERAT.