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10 L'ABBÉ PERRIN « Mais passez, néanmoins ; nos ordres ont changé ; « Nous allons revenir, par ait-il, au clergé. » • De retour à Lyon, l'abbé, plein d'allégresse, Prodigue à ses parents des trésors de tendresse. 11 revoit son pays, il est avec les siens, Et le charmant climat des bons Helvétiens Le laisse sans regret. Sa douce rêverie N'est plus que pour son Dieu, sa famille chérie. Perrin songe au devoir, après quelque repos ; Soldat évangéliqne, il suivra ses drapeaux. Le culte, sous un joug révolutionnaire, Présentait des dangers au bon missionnaire. Il accepta pourtant ce périlleux honneur ; La foi, la charité ravivaient sa valeur (1); Et le voici cherchant des maisons isolées, Pour rendre l'espérance aux âmes désolées, Réunir, en secret, les fidèles chrétiens, Et guider leur esprit aux sages entretiens. Mais ces nobles vertus, le méchant les opprime ; La tâche du martyr est imputée à crime. Surpris, en exerçant le culte du Seigneur, Il devait expier sa vertueuse ardeur (2). Arraché de l'autel, conduit à la Commune, Le vigilant pasteur comprend son infortune. On va le condamner, il fut pris en défaut ; C'est au moins le cachot, peut-être l'échafaud ! Le juste allait subir un interrogatoire, Quand le municipal traverse l'auditoire, S'approche de Perrin, pour murmurer ces mots : « Sortez, ne craignez pas, vos juges sont des sots (3). » (1) M. de Linsolas, grand-vicaire, le nomma missionnaire évangé- lique à Lyon. (2) 11 disait-la messe chez un Loulanger nommé Olirot, près de l'église de Vaise. (3) Ce brave municipal se nommait Prost.