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  où l'homme suppliant venait fléchir la colère suprême , il ap-
  préhenda de se montrer inflexible vis-à-vis d'un frère cou-
  pable et malheureux. Par suite de ce religieux sentiment,
  il dut venir en la pensée des législateurs d'interdire toute
  violence, dans les saints lieux, à l'égard de quiconque, pressé
  par la crainte de la justice humaine, avait pu s'y réfugier assez
  à temps pour échapper à ses coups. C'est précisément en
  quoi consistait le droit d'asile. La loi de nature enfanta
 cette institution ; la loi mosaïque en adopta une disposition re-
  marquable, en créant des villes de refuge, pour ceux dont la
 main avait frappé un Israélite, sans que le cœur fût complice d«
 l'attentat. Le tabernacle et les deux temples offraient aussi
 aux réfugiés un inviolable abri.
     Chez les payens , en multipliant les asiles, on ne fit qu'en-
 courager les forfaits. Les temples, les statues des dieux, la
 tombe des héros, les autels, les aigles romaines, les drapeaux
 des légions, le foyer sacré des princes, tout devint asile. Les
banqueroutiers frauduleux n'avaient qu'à mettre le pied sur
le seuil du temple de Calydonen Etolie, et ils avaient ob-
 tenu la remise de leurs dettes et l'impunité de leurs crimes.
    Vint la religion chrétienne toute d'amour et de pardon. Le
temple du rédempteur ne pouvait manquer d'être aussi l'autel
du refuge. La main de la justice resta glacée devant le
sanctuaire eucharistique ; le glaive du prince n'osa frapper à
l'ombre de la croix. Les deux autorités s'unirent pour consar
crer le principe de la franchise des églises. Ce que la foi
avait introduit, le zèlel'étendit et le multiplia dans les sixième
septième et huitième siècles. Les monastères, les tombeaux
des saints participèrent aux privilèges des églises ; l'abus s'y
glissa. Charlemagne porta les premiers coups à l'ancien droit;
nos princes par leurs lois en achevèrent lentement la destruc-
tion. Il n'y a plus d'autre asile pour le coupable maintenant que
les ténèbres où n'a point pénétré la justice, et puis le sol de l'é-
tranger. Dans les autres parties de l'église catholique, ils a-
vaient survécu jusqu'à la révolution française; on cite encore un