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241 MEDITATION'. — A LAMARTINE. Oh ! que j'aime l'oiseau qui doucement murmure , Hérissant son plumage à l'ombre d'un noyer, Lorsque l'astre du jour pour nourrir la nature Eparpille à midi les feux de son foyer ! Que j'aime , sous un toit de feuilles agitées , Voir tomber Ja cascade en rapides arceaux , Et sautillant dans l'air en perles argentées, Former au pied du roc de tranquilles ruisseaux ! Que j'aime, en m'égarant sur les hautes collines, Voir jouer les genêts sur le bord du chemin ; D'une source creusée au milieu des ravines , Que j'aime à puiser l'eau dans le creux de ma main ! De brises, de parfums, l'ame est pleine et ravie ; Mais lorsque le soleil ne peut plus rayonner , Je dis : voici le soir , du livre de la vie C'est encore un feuillet que Dieu vient de tourner. Je descends du rocher alors , rêveuse, émue ; Mais d'un doux avenir l'espoir vient me bercer, Comme le jeune oiseau qui dans le printemps mue , Voit tomber une plume et sent l'autre pousser. Moins triste , je contemple un ciel brodé d'étoiles, Flottant à l'horison , pur comme un pur miroir ; Et si Dieu soulevait le bout de ses longs voiles A travers cet azur mon œil pourrait le voir. Mais rien... Toujours caché! Dans ma vie inquiète Je rentre en disant : Dieu, je ne crois plus en toi... Inclinée, à genoux, je lis du grand poète , Jocelyn... Et mou cœur retrouve alors la foi. 16