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   MEDITATION'. — A LAMARTINE.




Oh ! que j'aime l'oiseau qui doucement murmure ,
Hérissant son plumage à l'ombre d'un noyer,
Lorsque l'astre du jour pour nourrir la nature
Eparpille à midi les feux de son foyer !
Que j'aime , sous un toit de feuilles agitées ,
Voir tomber Ja cascade en rapides arceaux ,
Et sautillant dans l'air en perles argentées,
Former au pied du roc de tranquilles ruisseaux !
Que j'aime, en m'égarant sur les hautes collines,
Voir jouer les genêts sur le bord du chemin ;
D'une source creusée au milieu des ravines ,
Que j'aime à puiser l'eau dans le creux de ma main !
De brises, de parfums, l'ame est pleine et ravie ;
Mais lorsque le soleil ne peut plus rayonner ,
Je dis : voici le soir , du livre de la vie
C'est encore un feuillet que Dieu vient de tourner.
Je descends du rocher alors , rêveuse, émue ;
Mais d'un doux avenir l'espoir vient me bercer,
Comme le jeune oiseau qui dans le printemps mue ,
Voit tomber une plume et sent l'autre pousser.
Moins triste , je contemple un ciel brodé d'étoiles,
Flottant à l'horison , pur comme un pur miroir ;
Et si Dieu soulevait le bout de ses longs voiles
A travers cet azur mon Å“il pourrait le voir.
Mais rien... Toujours caché! Dans ma vie inquiète
Je rentre en disant : Dieu, je ne crois plus en toi...
Inclinée, à genoux, je lis du grand poète ,
Jocelyn... Et mou cœur retrouve alors la foi.
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