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 désavoué l'Hiver (1), les Souhaits, la Solitude, l'Epître à ma
 Patrie,, et beaucoup d'autres pièces qui se font remarquer
 dans le Recueil de poésies et dans les Soirées proven-
 çales.

                Parlait en vers et parlait comme vous.
             Plus d'une (ois l'encens, par sa fadeur extrême,
                  Exhale des vapeurs d'ennui :
            L'esprit goûte le vôtre , et le cœur avec lui ;
            Et vous mériteriez d'être chanté vous-même ,
               Tout aussi bieu que vous chantez autrui.
            Mais quand je veux répondre en Muse enorgueillie,
                  Ma fierté rencontre un écueil ;
            Votre louange enfin m'inspire de l'orgueil
                  Et vos vers de la modestie.
     (1)Lorsque M. Bérenger fit paraître ce petit poème, il en fit hommage à
M. de Tressan, en lui demandant la permission de mettre à la tête de cet
opuscule , ces mots adressés par M. l'abbé Delille à l'auteur d'Âmadis : Le
talent le plus jeunevous envierait la fécondité de votre plume élégante, et ce que
vous appelez votre vieillesse (car ce mol ne semble pas devoir être fait pour vous)
ressemble â ces beaux jours d'hiver si brillants, mais si rares, dont la plus
belle saison serait jalouse.
   M. de Tressan répondit à l'auteur du poème de l'Hiver :
   « Et moi aussi, Monsieur, je suis pénétré de plaisir et de reconnaissance.
 « Les glaces de votre hiver animent et parent la nature ; vous les peignez .
 « vous les montrez, mais vous ne les faites point sentir. Vous suspendez
« l'effet de celles de mon âge. .l'aime cette poésie toujours descriptive ettou-
 « jours à propos touchante. L'harmonie en est également douce et sublime,
» et l'élégance soutenue.
   » J'ai souvent l u , Monsieur, les pièces que vous avez laissé paraître, e t ,
o dès la première 9 je jugeai que nous avions un poète de plus. Vous vous
« êtes sagement défendu de ces écarts plus bruyauts que brillants qu'on al-
« fecte aujourd'hui, et qu'on ose honorer du nom de verve. Un beau natu-
« rel, une construction exacte , une logique qui vous sert en se cachant, ,
« voilà la base solide sur laquelle il faut élever. Les vieillards sont heureux
 « quand ils sont si doucement émus à 77 ans. Pour moi, je vois avec trans-
ie port que le goût immuable, dans tous les siècles éclairés, se conserve dans
« quelques esprits privilégiés, malgré la barbarie qui depuis vingt ans a fait