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 qui nie parut contenir les faits que rapporte Gondorcet (1), et
 de plus, quelques détails peu intéressants, peut-être peu
 exacts, et peu dignes par ces deux raisons de grossir une
biographie.
 - Je sortis de chez le vieillard en lui souhaitant de fumer sa
pipe aussi long-temps que M. de Vollaire avait écrit des tra-
gédies.
   Il me reste à vous parler de cette église de Ferney, que
Voltaire fit élever, et qui portait pour inscription : Deo erexit
 Voltaire. J'ai vu l'église, mais j'ai cherché en vain l'inscription.
Les particularités relatives à cette église, et que Voltaire a
consignées dans sa correspondance, me revinrent aussitôt à
l'esprit. Dans plusieurs de ses lettres, il dit qu'il se ruine a
bâtir une église, dont le frontispice est d'une pierre aussi
 chère que le marbre. Il fait avec esprit et malice l'histoire
 de ses démêlés avec le clergé du pays, qui lui intente un pro-
cès pour un pied et demi dé cimetière. Il faut lui entendre ra-
  onter comment on a voulu l'excommunier pour avoir voulu
 déranger une croix de bois s et pour avoir abattu insolemment
une partie d'une grange qu'on appelle paroisse. « Comme
 « j'aime passionnément à être le maître, continue-t-il, j'ai jeté
 « par terre toute l'église, pour répondre aux plaintes d'en
« avoir abattu la moitié. J'ai pris les cloches, l'autel, les con-
« fessionaux, les fonts-baptismaux. J'ai envoyé mes paroissiens
 « entendre la messe à une lieue. Le lieutenant-criminel, le
 « procureur du roi sont venus instrumenter. J'ai envoyé pro-
« mener tout le monde ; je leur ai signifié qu'ils étaient des
« ânes, comme de fait ils le sont. Jravais pris des mesures,
« de façon que M. le procureur-général du parlement de Di-
te joa leur a confirmé cette vérité..... Je crois que je ferais
« mourir de douleur mon évêque, s'il ne meurt pas aupara-
« vant de gras fondu (2) ». De fait, Voltaire causait de grandes

  (4) Vie de Voltaire.
  (2) Lettre à d'Argental, du 21 juin 1761.