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9 trines! Ce spiritualisme s u b l i m e , qu'enfanta la religion du Christ, qui faisait de l'abnégation la première des vertus, parce qu'elle est dans la vie la première des nécessités, ils le flétrissent comme un système de négation ; ils préconisent la jouissance, dans sa relation avec la nature de chaque in- dividu, c'est-à -dire la fantaisie à la place d e l à r è g l e , l'instinct à l a place du sentiment, l'égoïsme à la place du dévouement. Et alors faut-il s'étonner du délabrement de la société; allez crier aux Colonies, dans ces îles où le noir est assimilé à la bête de s o m m e , allez crier : Liberté ! Dites à l'esclave qui fait pousser la canne à sucre avec son sang et sa s u e u r , dites- lui : « Relève-toi! suis les instincts de ton tempérament! Tout ce que tu pourras accomplir sera légitime! Tu as assisté aux jouissances de tes maîtres, prends-en ta part ! Le châ- timent te revenait, tu peux vouloir! » Et VQUS verrez s'il y a un seul blanc qui ne s'écrie : qu'allons-nous devenir ? Et en France n'a-t-on pas dit aussi : « Il n'y a plus ni bien ni m a l ! Ce qui n'est pas matériellement défendu est p e r - mis ; la loi n'est un frein que pour l'imbécille ou le misé- rable : étudiez les textes, non pour les respecter, mais pour apprendre à les violer avec impunité... » et il est arrivé que le banqueroutier connaissait le code mieux que le juge , et se moquait de la justice. Dans les anciens t e m p s , il y avait un code universel, à l'usage de tous, que tous savaient par cœur et tâchaient de mettre en pratique. L'évangile récompensait la soumission, la p a u v r e t é , le détachement des biens de ce m o n d e ; il con- solait toutes les souffrances ; il amortissait la révolte de la raison par les plus sublimes promesses, en sorte que le malheur devenait facile à ' porter. La naort était le linceul d'une future et belle destinée, et alors le paysan restait paysan, le tailleur tailleur, le cordonnier cordonnier, le bourgeois bourgeois. Nul ne pensait à usurper le voisin, mais chacun vivait, sinon toujours satisfait de la part que le sort lui avait départie, du moins sans envier celle de son frère.