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242               UNE NOUVELLE BOUTIQUE

fameux capitaine savoyard, vrai type du condottiere bien
qu'il fût allié aux premières familles de Bourgogne et de
Savoie, François de la Palud, seigneur de Varambon. Fait
prisonnier à An thon après avoir eu, tandis qu'il combattait
vaillamment, le nez emporté d'un coup d'estacade, Varambon
avait été obligé de payer, pour le rachat de sa liberté, si
grosse rançon, qu'il était ruiné. Il l'était au point qu'on
manquait de tout dans son château du Bugey, que Mlle de
Varambon, sa fille, qui vivait à l'abandon dans cette rési-
dence, n'avait pas de robe à se mettre pour sortir. Dès qu'il
fut remis de sa blessure qui, « bien qu'il portât un nez
d'argent, le défigurait comme on pense, » il jeta les yeux
autour de lui, en quête de réparer son désastre par la pre-
mière belle prise qui se présenterait à faire.
   Justement le pays des Bombes, dépendance de la cou-
ronne ducale de Bourbon, mais dépendance défavorable-
ment placée, séparée qu'elle était du reste du duché par la
Saône, se trouvait alors sans défense. Varambon jeta son
dévolu sur Trévoux. Où donc pourrait-il, mieux qu'en ce
nid de Juifs, retrouver l'or que lui avait coûté la journée
d'Anthon. Et d'ailleurs ne serait-ce pas presque une bonne
action que de faire rendre gorge à ces incorrigibles usu-
riers ?
   Rassembler une troupe d'aventuriers avides comme lui
de butin, les mener dans la Dombes, surprendre les habitants
de Trévoux, qui n'avaient aucune raison de s'attendre à
une attaque, et livrer leur ville au pillage, après s'en être
emparé par escalade — tout cela fut, pour le banneret
savoyard, l'affaire de quelques jours (18 mars 1430, ancien
style).
   On n'était parti en guerre que contre les Juifs de Trévoux.
Mais, une fois maître de la ville, on en traita indistincte-