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                     SUR LE PONT DE SAÔNE                           19

envers eux, d'attentions et de prévenances. Parmi les beaux
esprits ; il est de mode d'aller entendre le prêche des
rabbins afin de pouvoir proclamer la supériorité de leur
éloquence sur celle des curés "et des moines. Faut-il tout
dire? Il n'est pas jusqu'à certains prélats de l'entourage
impérial — prélats de cour, il est vrai — qui ne se mettent
eux aussi à judaïser. L'abbé Hugues, chancelier de l'em-
pereur, accorde aux Juifs une sorte de grande naturali-
sation en leur permettant de posséder               en France des
immeubles. Un autre ecclésiastique, Bodo, diacre (21) du
palais, fait mieux encore. Cédant aux diaboliques persua-
sions des Juifs, il renie sa foi, passe à la synagogue, laisse
pousser sa barbe, prend femme et va, sous le nom d'Eliézer,
se faire en Espagne, avec l'ardeur d'un renégat, le blasphé-
mateur du Christ et le persécuteur des chrétiens (22).



   (21) Le titre de diacre indique ici non le degré des ordres sacrés qui
précède la prêtrise mais une fonction éminente qui attachait immédia-
tement à la personne de l'évêque celui qui en était revêtu.
   (22) Amolon, archevêque de Lyon, successeur de saint Agobard,
dans une lettre à un évêque du royaume de Charles le Chauve s'exprime
ainsi : « Combien leur (des Juifs) société détestable et leur conversa-
tion empoisonnée profitent à l'impiété, tous peuvent le comprendre
par un afireux exemple. Ce qu'il n'y a pas mémoire qu'on eût jamais
vu, ils ont réussi à séduire un diacre du Palais, noble de naissance,
noble d'éducation, exercé dans les offices de l'Eglise et le bienvenu
auprès du Prince. Il est maintenant en Espagne, au milieu des Sarra-
zins, devenu le compagnon des Juifs après avoir renié le Christ, fils de
Dieu, profané la grâce de son baptême, reçu la circoncision charnelle,
et changé son nom de Bodo en celui d'Eliézer. De sorte que s'étant fait
totalement juif et de croyance et de vie, on peut le voir chaque jour
dans les synagogues de Satan, avec sa longue barbe et ayant pris
femme, blasphémer avec les autres le Christ et son Eglise. » — Les
 Annales de Saint-Bertin signalent aussi (année 859) l'apostasie de Bodo