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SUR LE PONT DE SAÔNE 245 Voilà comment les gens de Trévoux furent récompensés de l'hospitalité qu'ils avaient donnée aux Hébreux chassés de Lyon. Aussi supplièrent-ils le duc de Bourbon, leur seigneur, de les débarrasser d'une engeance qui leur portait malheur. Et, comme ce prince hésitait à se défaire de sa juiverie des Dombes, à cause du tribut qu'il en retirait, par une extra- ordinaire générosité, ils offrirent de lui payer même somme que les Juifs ; moyennant quoi ils obtinrent qu'il leur ordonnât de vider le pays (7). Revenant, après cet exposé historique, à sa requête, Me Estienne de Bourg prit texte des faits qu'il venait de relater pour adjurer Messieurs les conseillers de faire au plus tôt disparaître du pont de Saône les mécréants qu'on avait eu le tort d'y laisser ouvrir boutique. Chassez-les, Messieurs, parce qu'en venant « s'accaser et partie de l'oreille, pour ce qu'ils ne payèrent leur rançon audit jour arrêté sur ce... etc.. » (7) C'est en 1467 que les habitants de Trévoux obtinrent de leur duc, Jean de Bourbon, des lettres portant expulsion des Juifs. Guichenon, loc. cit., p. 138. « Ce nouvel arrêt d'expulsion ne fut pas mieux exécuté que le précédent dit Jolibois (histoire de Trévoux, p. 15) ; il resta encore des Juifs à Trévoux jusqu'en 1488 qu'ils se retirèrent et portèrent ailleurs leur industrie et leur commerce. Cependant plusieurs d'entr'eux. se convertirent et leurs descendants résident eucore à Trévoux ou dans les environs. Les familles Josson, Michel, Samuel, Salomon attestent par leur nom une origine juive et sont devenues des familles honora- bles du pays. » Nous avons entendu émettre l'opinion que beaucoup des Israélites appelés aujourd'hui Dreyfus descendent des anciens Juifs de Lyon et de Trévoux, leurs pères ayant été, lorsqu'ils eu sortirent, désigné, sous le nom de cette dernière ville, devenu depuis Dreyfus par corruption germanique. N» 4 — Avril 1896 ry