page suivante »
UN RÉVEILLON DE NOËL 285 par les fenêtres les effets et les armes. On ramasse le tout un peu pêle-mêle et on se rallie à cent mètres, dans une position hors de la ligne de tir. Toute la toiture est en feu. Le second étage est bientôt envahi. Les flammes sortent à pleines fenêtres, lèchent les murs et vont se perdre dans l'immense foyer qui couronne le bâtiment. L'incendie éclaire tout le quartier, sa lueur rouge se reflète sur la neige. Le tir des Allemands se ralentit. Par intervalle, un obus vient éclater dans le brasier et soulève une gerbe d'étincelles. L'aventure coûte la vie à un malheureux mobile, qui crut se mettre à l'abri dans une maison située de l'autre côté de la rue en face du bâtiment incendié. Il y est tué par un obus, dont le tir est trop long, qui, après avoir rasé la toiture de l'hôtel en feu, traverse la rue et va éventrer la façade de la maison vis-à -vis. Le plus pressé maintenant est de chercher un autre can- tonnement. Car, on est blasé sur la spectacle des incendies, et il fait un froid à vous ôter l'envie de passer la nuit dehors. Les maisons abandonnées ne sont pas rares au faubourg. Un bâtiment qui a servi d'écurie et où il reste encore un peu de paille est signalé par un fourrier. L'espace y est à peine suffisant pour loger deux compagnies. Mais on se serrera les uns contre les autres. On se défendra ensemble contre le froid. Chacun a bientôt trouvé sa place et s'endort en faisant ses réflexions. Les uns songent aux misérables débris du réveillon si malheureusement interrompu, ensevelis là -bas, écrasés sous les décombres fumants. D'autres peut-être se disent qu'échanger une somptueuse demeure pour une écurie, est