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                      SUR LE PONT DE SAÔNE                             I4I

que celle du roi lui-même ou du magistrat chargé de la
conservation de leurs privilèges (24).
   Avec cette belle législation (25) il ne tenait qu'aux Juifs
de « manger » le pauvre peuple de France. Elle n'était
pas depuis deux ans en vigueur que de tous côtés des
réclamations arrivaient au roi. Les gens de Nîmes et de
Beaucaire, eux, étaient surtout mécontents de ce que
« certains Juifs, se disant physiciens ou chirurgiens, s'en-
tremettent de user desdites sciences de physique et chirur-


   (24) Ibid. art. 2 « ... Exemptons et voulons (yceux juys et juyves)
estre tenus pour exemps de tous nos justiciers ou commissaires... tant
en cas criminels comme civilz ou autres : Mais d'iceulx juys ou
juyves réservons à nous et à leur gardian et à noz commis et députés
sur ce la court, cognaissance, punission et juridiction quelconque... »
A toutes les époques où ils sont autorisés à séjourner en France les
Israélites ont à la cour un protecteur qui prend le titre de maître ou
gardiateur des Juifs ou de conservateur de leurs privilèges. Ce gardia-
teur est ordinairement un grand personnage (sous Louis le Débonnaire,
c'est le vicomte Evrard, sous Jean le Bon, et Charles V c'est un prince
du sang : le comte d'Etampes). Il a pour lieutenant, dans chaque
siège de justice royale, un magistrat chargé de connaître des contrats
des Juifs et de tous les procès où ils sont impliqués. En 1342, le bailli
de Mâcon ayant transporté à Lyon, au palais de Roanne, le siège de sa
juridiction, il fut créé en cette ville un juge des Juifs. En 1392, l'arche-
vêque de Lyon disputa la juridiction des Juifs à Giraud le Maître, juge
royal du ressort. Les prétentions de l'archevêque furent combattues par
le Procureur de la Sénéchaussée et rejetées par arrêt du Parlement du
 5 octobre 1394. V. Ménestrier Hist. civ., p. 311 et 314. — Cf. Lettres
royales portant que le comte d'Etampes, gardien et juge des Juifs,
 pourra nommer des commis en sa place et ceux-ci pourront nommer
 des substituts pour juger les affaires des Juifs. Paris, 4 octobre 1364.
   (25) L'ordonnance de 1360 est si scandaleusement favorable aux
Juifs que Depping pense qu'ils en furent eux-mêmes les rédacteurs. Les
Juifs dans le moyen âge, p. 284.